Batailles Napoléoniennes

Bataille d’Iéna, 14 octobre 1806, l’armée Française, sous le commandement de Napoléon, remporte une victoire sur l’armée Prusso-Saxonne du général Hohenlohe.

_ Prélude à la bataille d’Iéna. Le général Hohenlohe se trompe complètement sur l’emplacement du gros de l’armée Française :

 

La journée du 13 octobre venait de se finir et une obscurité profonde enveloppait le futur champ de bataille. En plein milieu d’un carré formé par la Garde Impériale Française, Napoléon avait placé sa tente et n’avait fait allumé que quelques feux de bivouacs. Cependant, l’armée Prusso-Saxonne, quand à elle, avait allumé un très grand nombre de feux.

Les feux des bivouacs Prusso-Saxon permettaient de situer, à peu près, dans quel direction se trouvaient positionnées les corps de l’armée Prusso-Saxonne du général Prussien Hohenlohe. Il semblerait que Napoléon ai crut apercevoir, également, les feux de bivouacs de la seconde grande armée Prusso-Saxonne, celle qui se trouvait sous les ordres du Roi de Prusse.

Dès lors, après ces observations, Napoléon pensât que toutes les forces Prusso-Saxonne se trouvaient réunies pour lui livrer une bataille décisive (c’est à dire la fusion des deux grandes armées Prusso-Saxonne, celle du général Hohenlohe et celle du Roi de Prusse). En conséquence, Napoléon envoyât, sur-le-champ, de nouveaux ordres aux maréchaux Davout et Bernadotte.

Le maréchal Davout se vit confier la mission de conserver le pont de Naumbourg, de franchir celui-ci, et de tomber sur les derrières des Prusso-Saxons si l’occasion venait à se présenter.

Quand au maréchal Bernadotte, il se vit confier deux possibilités de missions. La première possibilité, que Napoléon lui proposât, fut de se réunir au maréchal Davout et d’agir de concert avec lui si l’occasion de tomber sur les derrières des Prusso-Saxons se présentait. Cependant, si Bernadotte n’arriverai pas à se lier avec le maréchal Davout, il reçut une seconde possibilité de mission, celle-ci consistât à prendre le poste de Dornbourg et, par l’intermédiaire de cette prise, se jeter directement sur le flanc des Prusso-Saxons.

Cependant, Napoléon se trompait. En réalité, il n’avait à faire qu’à une seule armée Prusso-Saxonne, celle que commandait le général Hohenlohe. Dès lors, les ordres que Napoléon avait donné aux maréchaux Davout et Bernadotte n’allaient servir à rien.

Cependant, cette petite erreur stratégique de Napoléon n’allait pas empêcher les Français de remporter cette campagne, cela par l’intermédiaire de l’exploit que le maréchal Davout allait réaliser en battant, avec son seul corps d’armée Français, l’armée Prusso-Saxonne du Roi de Prusse à la bataille d’Auerstadt.

En fait, Napoléon n’était pas le seul à se tromper. Alors que Napoléon, malgré son erreur stratégique, savait, avec justesse, qu’il allait devoir affronter, devant lui, une bonne partie de l’armée Prusso-Saxonne, le général Hohenlohe, quand à lui, était dans une complète ignorance des lieus où se trouvaient les corps de l’armée Française.

En fait, le général Hohenlohe était persuadé, sans réels raisonnement d’ailleurs, que le gros de l’armée française se trouvait en train de marcher en direction des villages de Leipzig et de Dresde. Ainsi, Hohenlohe supposait que, devant Iéna, il n’aurait à lutter, tout au plus, que contre les corps Français des maréchaux Lannes et Augereau.

Dès lors, afin de contenir, devant Iéna, les corps Français de Lannes et d’Augereau, c’est-à-dire ce qu’il croyait, avec erreur, de la force des Français devant ce poste, le général Hohenlohe les fixât avec le corps Prusso-Saxon du général Prussien Tauenzien.

En outre, étant encore dans l’erreur de croire que le gros de l’armée Française se trouvait en marche vers les villages de Leipzig et de Dresde et voulant essayer de l’attaquer sur son flanc, Hohenlohe décidât de ranger le gros de son armée Prusso-Saxonne le long de la route qui reliait les villages de Iéna et de Weimar.

Hors, comme on le sait, ce n’était pas uniquement les corps Français de Lannes et d’Augereau qui se trouvaient postés devant Iéna, mais bien les 80 000 soldats Français de Napoléon, c’est-à-dire les corps de Lannes et d’Augereau, mais aussi la Garde Impériale Française, le corps de Soult, celui de Ney et, enfin, la réserve de cavalerie Française du maréchal Murat qui n’allait pas tarder à arriver.

 

_ Par l’intermédiaire de renseignements assez précis sur la géographie des lieues et des positions occupées par les corps de l’armée Prusso-Saxonne d’Hohenlohe, Napoléon met en place un plan brillant :

 

Par l’intermédiaire de ses éclaireurs, Napoléon ne tardât pas à être mis au courent que l’avant-garde Prusso-Saxonne du général Tauenzien se trouvait isolée du reste de l’armée Prussienne du général Hohenlohe. Dès lors, en peu de temps, Napoléon imaginât un plan d’attaque pour défaire le gros de l’armée Prusso-Saxonne.

Par l’intermédiaire de la position qu’elle occupait tout près des postes de Cospeda et de Closewitz, l’avant-garde Prusso-Saxonne de Tauenzien interdisait l’accès du vaste plateau d’Iéna. Cependant, comme nous l’avons dit, ne croyant pas lutter, devant Iéna, contre le gros de l’armée Française, le général Hohenlohe avait commis l’erreur d’isoler son avant-garde Prusso-Saxonne de Tauenzien.

Dès lors, il vint, à Napoléon, l’idée de repousser, tout d’abord, l’avant-garde Prusso-Saxonne de Tauenzien, cela afin de dégager complètement l’accès du plateau d’Iéna et d’y installer la majorité de ses corps Français. Ainsi, en premier lieu, Napoléon réussirait un déploiement quasi parfait de toute les troupes Française.

En second lieu, l’accès du plateau d’Iéna permettrait, également, un accès aux hauteurs qui bordaient ce même plateau. Ainsi, Napoléon pourrait installer la majorité de ses pièces d’artillerie sur les hauteurs du plateau d’Iéna, contre-batre plus facilement les pièces d’artillerie Prusso-Saxonne, infliger de lourdes pertes à l’infanterie Prusso-Saxonne qui ne serait, dès lors, plus protégée par l’artillerie Prusso-Saxonne, puis, enfin, terminer les bataillons Prusso-Saxon par les habituels attaques à la baïonnette de l’infanterie Française.

Enfin, par l’intermédiaire de ces dernières attaques, le gros de l’armée Prusso-Saxonne du général Hohenlohe serait certainement mis dans un complète déroute. Dès lors, afin d’infliger le maximum de pertes aux troupes Prusso-Saxonne en pleine fuite, Napoléon chargeras le maréchal Murat de s’élancer sur eux avec la réserve de cavalerie Française.

Le 14 octobre, alors que le jour n’était pas encore levé, Napoléon se trouvait déjà debout. Il passât quelques minutes à donner ses dernières instructions à ses lieutenants et fit prendre les armes à ses soldats Français. La nuit était froide.

La campagne, quand à elle, se trouvait couverte, au loin, d’un brouillard épais, comme celui qui avait enveloppait, pendant quelques heures, le champ de bataille d’Austerlitz.

Escortés par des officiers portant des torches, Napoléon parcourut le front des troupes Française et se mit à discuter avec les officiers et les soldats Français. Napoléon leur démontrât, notamment, que les Prusso-Saxons étaient compromis, qu’ils seraient bientôt coupés de l’Elbe et de l’Oder, qu’ils seraient séparés des Russes et, enfin, qu’ils seraient réduit à livrer, aux Français, la monarchie Prussienne tout entière.

Avant de repartir à son poste de commandement, Napoléon engageât les soldats Français à ne point redouter la cavalerie Prusso-Saxonne et leur rappelât que de simples mais solides carrés d’infanterie seraient largement efficace pour tenir tête aux escadrons Prusso-Saxon. Dès lors, encouragés par ces chaudes paroles dont Napoléon possédait toute l’habilité, les soldats Français crièrent plusieurs fois "En avant! Vive l’Empereur!".

 

_ Commencement de la bataille d’Iéna. Napoléon lance le corps Français du maréchal Lannes en avant-garde et lui confie la mission de repousser l’avant-garde Prusso-Saxonne du général Tauenzien hors de ses positions. Après une série d’opérations brillante, les troupes Français de Lannes emportent toutes les positions importante de l’ennemi et le repousse au loin :

 

Alors que le brouillard était encore assez épais, les soldats des avant-postes Prusso-Saxon aperçurent la lueur des torches Française et entendirent les cris de joie des soldats Français. Dès lors, les soldats des avant-postes Prusso-Saxon ne tardèrent pas à prévenir le général Tauenzien qu’une offensive des Français n’allait pas tarder à débuter.

En effet, Napoléon venait tout juste de faire commencer la marche de ses première troupes Française.

Comme il avait été prévu dans son plan d’attaque, Napoléon désirait donc, tout d’abord, s’emparer des villages de Cospeda et de Closewitz, repousser complètement l’avant-garde Prusso-Saxonne du général Tauenzien et, enfin, s’ouvrir un passage sur le plateau d’Iéna et sur les hauteurs du même nom.

Ce fut le corps Français du maréchal Lannes qui fut chargé de l’attaque contre les troupes Prusso-Saxonne du général Tauenzien. Ce corps Français se composait, notamment, de deux divisions d’infanterie aux ordres des généraux Suchet et Gazan.

La division du général Suchet était partagée en trois brigades et s’avançait en tête du corps de Lannes. La brigade du général Claparède, quand à elle, marchait en tête de la division du général Suchet, elle se composait du 17eme léger et d’un bataillon d’élite.

Les 34eme et 40eme régiment de ligne, appartenant à seconde brigade de la division Suchet, se rangèrent à droite et à gauche de la brigade du général Claparède. Cela, afin de protéger les flancs et les arrières de la brigade du général Claparède contre des attaques de cavalerie.

Enfin, la troisième brigade de la division Suchet, celle qui se trouvait aux ordres du général Védel, se déployât un peu plus en arrière des deux premières brigades de cette même division.

A gauche de la division du général Suchet, mais un peu plus en arrière, venait la division du général Gazan. Celle-ci se trouvait rangée sur deux lignes et était précédée par son artillerie. Bientôt, tandis que la division du général Suchet se dirigeait sur le village de Closewitz, la division du général Gazan se dirigeât sur le village de Cospeda.

Lorsque, à travers le brouillard épais, les premiers bataillons de la brigade du général Claparède commencèrent à apparaître près du village de Closewitz, les bataillons Saxon de Frédéric-Auguste, de Rechten et le bataillon Prussien de Zweifel firent feu, tous ensemble, sur les Français.

Dès lors, le 17eme léger se déployât et répondit, au feu des soldats Prusso-Saxons, par des feux de mousqueterie très bien exécutés. Ainsi, les deux camps se fusillèrent pendant quelques instants sans que la situation ne se débloque dans un sens ou dans l’autre.

Dès lors, formant les bataillons du 17eme léger en colonnes d’attaque, le général Claparède les lançât au pas de charge et leurs ordonnât de s’emparer du bois et du village de Closewitz.

A la suite de cet ordre, les bataillons Français se jetèrent vivement dans le bois et le village, abordèrent promptement les Prusso-Saxons à la baïonnette, les rompirent et emportèrent, ainsi, le village et le bois de Closewitz. Suite à ce succès, les bataillons de la brigade du général Claparède continuèrent à marcher vers les nouvelles lignes ennemies, cela sous une nouvelle pluie de balles.

Pendant ce temps, la division Française du général Gazan réalisât une première attaque contre le village de Cospeda. Cependant, la position était assez forte et le feu vif des Prussiens empêchât les Français d’aborder le village.

Voyant que les bataillons Français commençaient à reculer, les bataillons Prussien du village de Cospeda exercèrent une sortie pour les refouler promptement. Cependant, le général Gazan fit reformer ses rangs et ordonnât, à ses bataillons Français, d’exécuter, sur les Prussiens, de vigoureux feux de mousqueterie. Finalement, le feu des Français fut assez dissuasif et les Prussiens retournèrent précipitamment dans le village de Cospeda.

Par la suite, comprenant qu’une attaque frontale n’avait aucune chance de succès, le général Gazan se décidât à déborder le village de Cospeda et de l’attaquer par le flanc. Bientôt, lorsqu’il terminât son mouvement tournant, le général Gazan recommençât une attaque sur le village de Cospdeda et ses bataillons Français l’emportèrent promptement sur les Prussiens.

Entre les deux villages de Closewitz et de Cospeda, mais un peu plus loin, se trouvait le petit hameau de Lutzenrode. Il était occupé par les fusiliers Prussien d’Erichsen. Après son succès dans le village de Cospeda, le général Gazan ne laissât pas, à ses bataillons Français, le temps de se reposer et leur ordonnât de s’emparer, immédiatement, du hameau de Lutzenrode. Après une courte mais brillante opération, les Français y repoussèrent les Prussiens et s’y installèrent.

Suite à leur succès dans les postes de Closewitz, de Cospeda et de Lutzenrode, les deux divisions Française de Lannes continuèrent leur marche en avant. Cela, afin de repousser définitivement l’avant-garde Prusso-Saxonne du général Tauenzien.

Cependant, malgré ses premiers revers, le général Tauenzien avait reformé ses lignes. Dès lors, dans leur marche, les troupes Française essuyèrent, bientôt, de nouvelles décharges d’artillerie et de mousqueterie Prusso-Saxonne. Les grenadiers Saxon de la brigade Cerini, notamment, s’étaient portés en avant et exécutaient leurs feux de mousqueterie avec autant d’ensemble que s’ils avaient été sur un champ de manœuvre.

Étant toujours à la tête de la division du général Suchet, le 17eme léger n’avait plus de cartouches pour engager un nouveau combat contre l’ennemi. Dès lors, Suchet fit passer ce régiment en arrière et le fit remplacer par le 34eme régiment de ligne.

Dès que les bataillons Français du 34eme régiment de ligne s’établirent en ligne, il commencèrent par échanger, avec les Saxons, plusieurs décharges de mousqueteries. Cependant, comme il était habituel dans les batailles de cette époque, les échanges de mousqueteries ne donnaient aucun résultats décisif. Dès lors, les bataillons Français du 34eme régiment de ligne se décidèrent à formuler, sur l’ennemi, une prompte offensive.

Après avoir formés plusieurs colonnes d’attaque, les bataillons Français du 34eme régiment de ligne prirent le pas de charge, abordèrent les soldats Saxon à la baïonnette, les rompirent sur toute la ligne et, enfin, les mirent dans une complète débandade.

Bientôt, les troupes Saxonne de la brigade Cerini entraînèrent, dans leur déroute, la majorité des troupes Prusso-Saxonne qui formaient l’avant-garde du général Tauenzien. Les bataillons Français des deux divisions du maréchal Lannes réalisèrent, dès lors, une vigoureuse poursuite et ramassèrent une vingtaine de canons, beaucoup de prisonniers et un bon nombre de caissons.

 

_ Suite au succès que vient de remporter le corps Français du maréchal Lannes sur l’avant-garde Prusso-Saxonne du général Tauenzien, le passage qui mène vers le plateau et les hauteurs d’Iéna est ouvert à tous les corps Français de Napoléon :

 

Cette grande offensive du maréchal Lannes connut, donc, les pleins succès et n’avait pas duré deux heures. En outre, comme l’avait prévu Napoléon, le succès de Lannes permit un passage direct vers le vaste plateau et les hauteurs d’Iéna. En conséquence, Napoléon allait pouvoir déployer la plupart de ses corps d’armée Français sur le plateau et installer la majorité de son artillerie sur les hauteurs.

D’ailleurs, dans ce déploiement, le corps du maréchal Lannes allait représenter le centre de l’armée Française.

A la gauche du plateau d’Iéna, mis à la tête d’un corps d’armée Français, le maréchal Augereau dirigeât la division du général Heudelet, son artillerie et sa cavalerie sur le Mühthal et sur la grande route de Weimar. Par la suite, Augereau vint se positionner sur les revers du Lanfgrafenberg avec la division du général Desjardins.

A la droite du plateau d’Iéna, c’est le corps Français du maréchal Soult qui commençât à manoeuvrer. Cependant, une seule de ses divisions venait d’arriver, c’était celle qui se trouvait sous le commandement du général Saint-Hilaire. Dès lors, Soult installât la première partie de ses troupes Française sur les hauteurs qui avoisinaient le poste de Löbstedt et qui, en outre, se trouvaient sur les derrières du village de Closewirz.

En face des troupes Française du maréchal Soult, le général Prussien Holzendorf avait installé ses propres troupes Prusso-Saxonne et les débris de l’ancienne avant-garde Prusso-Saxonne du général Tauenzien près des postes de Nerwitz et d’Alten-Göne.

Le maréchal Ney, quand à lui, se trouvait en arrière et n’avait pas encore la permission de faire déployer les troupes de son corps Français sur le plateau d’Iéna. Cependant, impatient d’assister à la bataille, Ney se permit de détacher quelques troupes de son corps et vint s’installer dans le poste d’Iéna.

Enfin, venant tout juste de terminer quelques reconnaissances qu’il avait effectué sur la Base Saale et commandant la réserve de cavalerie Française, le maréchal Murat remontât vers Iéna à perte d’haleine. Cela, afin de rejoindre, le plus vite possible, le gros de l’armée Française.

Se rendant compte que les troupes des corps Français n’étaient encore toutes arrivées ou formées en bataille sur le plateau d’Iéna, Napoléon se résolut, donc, de faire écouler un peu de temps avant d’engager l’offensive générale.

 

_ Suite au revers que vient d’éprouver l’avant-garde Prusso-Saxonne du général Tauenzien, plusieurs généraux Prussien comprennent que le général Hohenlohe s’est trompé sur l’emplacement du gros de l’armée Française. Dès lors, après avoir été mis au courent de son erreur, Hohenlohe redispositionne son armée afin de faire face à l’avance des Français sur le plateau d’Iéna :

  

Sur ces entrefaites, suite au revers de lavant-garde Prusso-Saxonne du général Tauenzien et remarquant que les Français commençaient à se déployer de plus en plus sur le plateau et les hauteurs d’Iéna, les généraux Prussien commencèrent à comprendre que le général Hohenlohe s’était bel et bien trompé en pensant que le gros de l’armée Française se trouvait en marche vers les villages de Leipzig et de Dresde.

En conséquence, les généraux Prussien envoyèrent leurs aides de camp prévenir le général Hohenlohe que l’armée Française se trouvait, depuis le début, devant Iéna. Il semblerait, au départ, que le général Hohenlohe n’ait pas voulu croire en son erreur. Cependant, après avoir écouté attentivement les explications des officiers Prussien, Hohenlohe commençât à comprendre toute l’étendue de son erreur.

Dès lors, comprenant, enfin, que le gros de l’armée Française s’était trouvé, depuis le début, devant Iéna, Hohenlohe fit faire, à tous ses corps Prusso-Saxon, un grand changement de front. Celui-ci se fit avec une grande promptitude. Autrefois positionnée sur la grande route qui reliait les postes d’Iéna et de Weimar, la plupart des corps Prusso-Saxon du général Hohenlohe se trouvèrent, bientôt, sur le plateau d’Iéna et en face de l’armée Française.

Dans ce nouveau positionnement, Hohenlohe ordonnât, au général Prussien Grawert, commandant le centre de l’armée Prusso-Saxonne, de reprendre, au maréchal Lannes, les anciennes positions qu’occupait, jadis, l’ancienne avant-garde Prusso-Saxonne du général Tauenzien. Afin de seconder efficacement son centre, Hohenlohe le fit appuyer par la réserve d’infanterie Prusso-Saxonne du général Dyhernn.

En ce qui concerne l’aile droite de l’armée Prusso-Saxonne, Hohenlohe la positionnât vers la Schnecke. Ce corps Prusso-Saxon se trouvait, d’ailleurs, appuyé par une forte artillerie. En outre, Hohenlohe ordonnât, aux soldats Prusso-Saxons de ce corps, de défendre leurs positions jusqu’à la dernière extrémité.

La gauche de l’armée Prusso-Saxonne, quand à elle, se trouvait sous le commandement du général Prussien Holzendorf. Hohenlohe prescrivit, à ce dernier, de se porter en avant et de repousser, s’il le pouvait, l’aile droite de l’armée Française.

Enfin, un dernier corps Prusso-Saxon se trouvait aux ordres du général Rüchel. Cependant ce corps n’était pas encore arrivé pour compléter le dispositif de l’armée Prusso-Saxonne. Dès lors, Hohenlohe écrivit, au général Rüchel, une lettre dans laquelle il lui prescrivit de presser sa marche et d’arriver le plus vite possible sur le champ de bataille.

Cependant, comme nous le verrons un peu plus bas, lorsque le général Rüchel arriveras sur le champ de bataille avec son corps, le gros de l’armée Prusso-Saxonne seras déjà dans une complète déroute.

Il était environ dix heures du matin. Interrompue depuis une heure, la bataille allait recommencer de plus belle.

 

_ Impatient de commencer la bataille, le maréchal Ney désobéît à Napoléon, porte son corps en avant et, par sa propre initiative, fait recommencer les combats contre le centre de l’armée Prusso-Saxonne. Dès lors, isolé sur le champ de bataille, Ney se retrouve à lutter contre des forces supérieure en nombre. Cependant, ses troupes Française résistent à toutes les attaques de la cavalerie Prusso-Saxonne :

 

Tandis que les maréchaux Soult, Lannes et Augereau n’étaient pas loin d’avoir fini le déploiement de leurs corps Français sur le plateau d’Iéna et attendaient le signal de Napoléon avant d’engager la phase décisive de la bataille, le maréchal Ney créât une véritable surprise sur le champ de bataille.

En effet, emporté par son impatience de combattre, le maréchal Ney décidât de s’avancer avec son corps Français vers les lignes Prusso-Saxonne.

Cependant, en faisant cela, le maréchal Ney se condamnait à prononcer une offensive alors qu’il n’avait reçu aucun ordre de Napoléon. Caché par le brouillard, Ney arrivât, néanmoins, à faire infiltrer son corps Français entre ceux de Lannes et d’Augereau, cela sans que les deux maréchaux ne se rendent compte.

Bientôt, le corps du maréchal Ney, qui se composait, d’ailleurs, de 3000 soldats d’élite, vint se positionner en avant des lignes Française et tout près du poste de Viersehn-Heiligen.

En fait, Ney arrivât au moment même où le général Hohenlohe venait d’envoyer une attaque massive de cavalerie sur les corps Français des maréchaux Lannes et Augereau. Cependant, vu que son corps se trouvait, dorénavant, au devant des lignes Française, c’est le maréchal Ney qui allait devoir recevoir, seul, le choc de toute la cavalerie Prusso-Saxonne.

En conséquence, alors que Napoléon n’avait pas encore ordonné aux corps Français de démarrer l'offensive finale, la bataille d’Iéna allait recommençait par l'initiative même du maréchal Ney.

Au devant des escadrons Prusso-Saxon, l’artillerie à cheval du général Hohenlohe s’était déjà mise en batterie et commençât à entamer, par l’intermédiaire de son feu, les rangs de l’infanterie Française du maréchal Ney.

Dès lors, afin de dégager ses bataillons Français, le maréchal Ney lançât une contre-attaque sur l’artillerie à cheval d’Hohenlohe. Pour réaliser celle-ci, Ney lançât, à la charge, le 10eme régiment de chasseurs à cheval.

Tout d’abord, les chasseurs Français profitèrent d’un petit bouquet de bois pour former leurs rangs. Par la suite, ils débouchèrent de celui-ci, vinrent attaquer les canonniers Prussien par le flanc, les sabrèrent et s’emparèrent des sept pièces de canons qui composaient l’artillerie à cheval d’Hohenlohe.

Cependant, une partie de la masse de cavalerie Prusso-Saxonne venait tout juste d’arriver. Dès lors, afin de reprendre les pièces de l’artillerie à cheval d’Hohenlohe, plusieurs escadrons de cuirassiers Prussien fondirent sur les chasseurs Français. Étant largement supérieur en nombre, les cuirassiers Prussien n’eurent aucun mal à repousser les chasseurs Français.

En conséquence, le combat devint de plus en plus vif et Ney lançât le 3eme régiment de hussards dans une nouvelle contre-attaque.

Les hussards Français réalisèrent la même manœuvre qu’avait effectué le 10eme régiment de chasseurs. Après avoir formés leurs rangs dans le petit bouquet de bois, les hussards Français en sortirent, vinrent attaquer les cuirassiers Prussien par le flanc, les repoussèrent et les mirent en désordre. Ainsi, par l’intermédiaire de ce succès, les chasseurs Français se trouvèrent dégagés et prêt à reprendre le combat.

Malheureusement, le reste de la cavalerie Prusso-Saxonne ne tardât pas à débarquer. En conséquence, possédant, de nouveau, une très net supériorité numérique, les trente escadrons Prusso-Saxon n’eurent aucune difficultés à repousser les deux régiments de cavalerie Française que Ney avait envoyé au combat. Dès lors, les chasseurs et les hussards Français se réfugièrent derrière l’infanterie Française du maréchal Ney.

Ne pouvant plus tenir tête aux nombreux escadrons Prusso-Saxon par l’intermédiaire de sa seule cavalerie, le maréchal Ney décidât de se servir de son infanterie. Bientôt, Ney portât, en avant, deux bataillons Français, les formât en carrés et vint se mettre au beau milieu de l’un des deux. Cette manœuvre fut, bien entendu, réalisée pour résister aux charges que les escadrons Prusso-Saxon s’apprêtaient à lancer sur le corps du maréchal Ney.

Bientôt, lorsque les escadrons Prusso-Saxon se mirent à charger, Ney ordonnât, à ses soldats Français, de laisser approcher l’ennemi le plus près possible, cela afin que le feu de mousqueterie soit des plus efficace. L’ordre du maréchal Ney fut promptement respecté.

Dès que les escadrons Prusso-Saxon arrivèrent tout près des deux carrés Français, Ney donnât le signal du déclenchement du feu et les fantassins Français firent une décharge de mousqueterie si efficace qu’un très grande nombre de cavaliers Prusso-Saxon jonchèrent le sol, morts ou blessés.

Par la suite, loin de se décourager, les escadrons Prusso-Saxons recommencèrent plusieurs charges. Cependant, les deux carrés Français résistèrent de nouveau et continuèrent, par l’intermédiaire de leurs feux de mousqueterie, à infliger de lourdes pertes aux cavaliers Prusso-Saxon.

 

_ Surprise et colère de Napoléon vis-à-vis du comportement du maréchal Ney. Finalement, afin de sauver le maréchal Ney, Napoléon ordonne, à tous ses maréchaux, de recommencer, à leur tours, la bataille et de faire avancer leurs corps Français à l’attaque :

 

Napoléon, quand à lui, se trouvait retranché sur la hauteur du Landgrafenberg. Il fut très étonné, d’ailleurs, d’entendre le feu recommencer sur un des points de la ligne Française. Cela était parfaitement compréhensible puisque Napoléon n’avait pas encore donné l’ordre de recommencer la bataille.

Bientôt, Napoléon vint apprendre, avec plus d’étonnements encore, que c’était le maréchal Ney qui avait recommencé le combat avec les Prusso-Saxons. Dans ce cas, la surprise de Napoléon était encore plus compréhensible puisque, à l’origine, il avait placé le corps du maréchal Ney derrière les lignes Française.

Comprenant, dès lors, que Ney lui avait complètement désobéît, Napoléon en fut très mécontent. Afin d’essayer d’apercevoir sur quel point du champ de bataille le maréchal Ney se battait, Napoléon vint se porter sur une hauteur qui avoisinait le poste de Vierzehn-Heiligen.

Après plusieurs minutes de recherches avec sa jumelle personnelle, Napoléon réussit à apercevoir les fameux carrés Français du maréchal Ney. Au passage, il put admirer l’admirable contenance que les soldats Français exerçaient face aux nombreuses charges de la cavalerie Prusso-Saxonne.

Cependant, il devenait pressent d’apporter une aide au maréchal Ney.

Dès lors, Napoléon envoyât, au maréchal Ney, le seul renfort qu’il avait immédiatement pu réunir à lui: les deux régiments de cavalerie légère Française appartenant au général Bertrand.

En outre, se doutant que ce premier renfort serait insuffisant, Napoléon ordonnât, au maréchal Lannes, de faire avancer son corps Français et de combattre aux côtés de celui de Ney.

Enfin, puisqu’à l’initiative de Ney, la bataille avait reprit, Napoléon ordonnât aux maréchaux Augereau et Soult de faire avancer, à leurs tours, leurs corps Français. Ainsi, c’est toute la ligne Française qui reprit promptement le combat.

En attendant qu’on le dégage, l’intrépide Ney ne se déconcertait pas. Malgré sa désobéissance qui avait provoqué le mécontentement de Napoléon, Ney avait eu le mérite de mener parfaitement les combats tactiques qu’il livrait, depuis une heure, à la tête de son corps d’armée.

Malgré leurs multiples échecs, les escadrons de la cavalerie Prusso-Saxonne continuaient leur charges contre les troupes de Ney. Cependant, malgré une résistance toujours aussi remarquable, les soldats Français des carrés de Ney commençaient à manquer de munitions. Dès lors, afin de soulager ces carrés, Ney fit charger plusieurs fois ces quatre régiments de chasseurs contre les cavaliers Prusso-Saxon. Ces tentatives n’eurent que des succès variés et n’étaient destinées qu’à gagner du temps.

En fait, à ce moment de la bataille, Ney désespérait que l’on vienne l’aider et ne savait pas encore que Napoléon lui avait envoyé du secours. Dans le désespoir d’établir des communications avec les maréchaux Lannes et Augereau, le maréchal Ney fit en sorte d’éparpiller certains de ses bataillons. C’est ainsi que Ney positionnât un bataillon de la 25eme légère dans de  bois d’Iserstedt et fit marcher un bataillon de voltigeurs vers le village de Vierzehn-Heiligen.

 

_ Le corps du maréchal Lannes arrive, enfin, aux côtés de celui du maréchal Ney. Dès lors, un combat s’engage entre les troupes Française de Lannes et les troupes Prusso-Saxonne du général Grawert. Par l’intermédiaire d’une offensive brillamment menée, Lannes arrive à repousser et à mettre, dans une courte déroute, le corps ennemi qui lui était opposé :

 

L’initiative de Ney fut excellente mais, comme on le sait, elle ne servit à rien puisque Napoléon avait déjà dirigé les maréchaux Lannes et Augereau vers le point exact où Ney se battait. En effet, alors que les voltigeurs de Ney commençaient à pénétrer dans le village de Vierzehn-Heiligen, le 21eme léger, appartenant au corps de Lannes, s’y trouvait déjà positionnée.

En outre, se mettant à la tête des 100eme, 103eme, 34eme, 64eme et 88eme régiments de ligne, le maréchal Lannes débouchât, bientôt, en face des troupes Prusso-Saxonne du général Prussien Grawert.

Dès lors, lorsque le combat commençât entre les deux corps, Grawert fit déployer, au devant du village de Vierzehn-Heiligen, toute son infanterie Prusso-Saxonne. Le déploiement de celle-ci se fit avec une régularité de mouvement digne de l’école de guerre Prussienne du 18eme siècle.

Dès lors, une fois formés, les bataillons Prusso-Saxons se mirent à exécuter, sur une partie de l’infanterie Française de Lannes, des feux de mousqueterie très réguliers et assez meurtrier.

Cependant Lannes organisât une contre-attaque qui fut menée audacieusement et judicieusement. Continuant à fixer la partie de son infanterie Française qui se trouvaient en plein dans le feu de l’infanterie Prusso-Saxonne, Lannes envoyât, en même temps, la seconde partie de son infanterie dans une attaque sur le flanc droit des troupes du général Crawert.

Repérant, à la jumelle, le mouvement superbe que Lannes s’apprêtait à terminer sur le flanc de Grawert, le général Hohenlohe essayât de stopper cette attaque par l’intermédiaire de plusieurs charges de cavalerie Prusso-Saxonne.

Dès lors, il se déroulât le même scénario que pour le combat qui avait opposé les troupes de Ney aux escadrons Prusso-Saxon. La partie de l’infanterie Française de Lannes, qui se trouvait dans le mouvement offensif, s’arrêtât net, se formât aussitôt en de puissants carrés et, par l’intermédiaire de puissants feux de mousqueterie, repoussât promptement plusieurs charges des escadrons Prusso-Saxon, cela tout en semant terriblement la mort dans les rangs de ces derniers.

Par la suite de ces décharges meurtrières, la cavalerie Prusso-Saxonne se retirât précipitamment et laissât, donc, le chemin libre aux bataillons Français du maréchal Lannes. Dès lors, comme il avait été prévu dans le plan initial, les bataillons Français de Lannes attaquèrent l’infanterie Prusso-Saxonne du général Grawert par le flanc droit, la rompirent et la mirent dans une déroute complète.

Voyant, désespérément, le commencement de débandade qui commençait à s’orchestrer dans les troupes Prusso-Saxonne de Grawert, le prince de Hohenlohe déployât toute son énergie à essayer de rallier les troupes de ce corps. Après beaucoup de mal, Hohenlohe réussit, néanmoins, à rétablir l’ordre dans les troupes de Grawert et les reconduisit au combat.

 

_ Le général Hohenlohe désire lancer une contre-attaque décisive sur le corps Français du maréchal Lannes. Cependant, sur les ailes droite et gauche, les corps Français des maréchaux Soult et Augereau remportent, à leur tours, plusieurs succès. Dès lors, pensant qu’il serait imprudent de prendre l’offensive, Hohenlohe se décide à rester sur la défensive en attendant l’arrivé du corps Prusso-Saxon du général Rüchel :

 

Satisfait d’avoir réussi à rallier une partie de ses troupes, Hohenlohe cherchait encore à remporter la victoire. Afin de renverser la bataille à son avantage, Hohenlohe pensât que la prise du village de Vierzehn-Heiligen pourrait s’avérer décisive car elle permettrait de couper, en deux, les troupes Française du maréchal Lannes.

Cependant, malheureusement pour lui, Hohenlohe fut bientôt mis au courant que le corps Français du maréchal Soult avait réussi à repousser, de plusieurs village et de plusieurs bois, le corps Prusso-Saxon du général Holzendorf. En effet, à la tête de ses trois divisions Française, Soult avait réussi, tout d’abord, à repousser les restes de la brigade Saxonne du général Cerini et les fusiliers Prussien du général Pelet.

Par la suite, conformément aux ordres de Napoléon, Soult avait disposé son artillerie sur les hauteurs d’Iéna, contre-battut l’artillerie ennemie, fait renverser les rangs de l’infanterie adverse et n’eut, de ce pas, aucune difficultés à repousser le corps Prusso-Saxon du général Holzendorf.

En conséquence de ce nouveau succès Français, la pression devenait de plus en plus forte sur la ligne Prusso-Saxonne.

Dès lors, le général Hohenlohe ne pouvait plus se permettre d’envisager une offensive sur le corps Français du maréchal Lannes. En outre, il devait se borner, pour le moment, à rester sur une stricte défensive. Cependant, Hohenlohe espérait, encore, pouvoir reprendre l’offensive, cela à condition que le général Prussien Rüchel puisse arriver à temps, avec son corps Prusso-Saxon, sur le champ de bataille.

Le maréchal Augereau, quand à lui, réussit également à repousser les troupes Prusso-Saxonne qu’il avait devant lui. Comme lui avait ordonné de faire Napoléon et comme l’avait le maréchal Soult, Augereau prit le soin de disposer son artillerie sur les hauteurs d’Iéna et détruisit toute l’artillerie Prusso-Saxonne qui lui faisait face.

Toujours par l’intermédiaire de son feu d’artillerie, Augereau se mit, ensuite, à faucher les rangs d’une infanterie Prusso-Saxonne qui lui faisait face et qui n’était plus protégée par sa propre artillerie. Par la suite, Augereau plaçât la division Française du général Desjardins vers le bois d’Irestedt, cela afin de protéger le flanc gauche du corps Français du maréchal Ney.

Enfin, Augereau ordonnât, au général Heudelet, commandant une des divisions Française de son corps, de prendre l’offensive et d’attaquer, par le flanc, une colonne Prusso-Saxonne qui se trouvait retranchée sur la route qui reliait les postes d’Iéna et de Weimar. Complètement surpris par cette initiative offensive, la colonne Prusso-Saxonne fut complètement rompue.

Cependant, malgré toutes les annonces de revers qui lui provenaient toutes les minutes, le général Hohenlohe conservait toute son énergie et pensait, encore, que l’arrivée du corps de Rüchel allait transformer ce qui commençait à être une défaite en victoire.

 

_ Satisfait du déroulement des opérations, Napoléon ordonne une offensive générale de tous ses corps. Les Français enfoncent les Prusso-Saxons sur toute la ligne et l’armée d’Hohenlohe se transforme en un torrent de fuyards :

 

Voyant que ses deux ailes, représentées par les corps Français de Soult et d’Augereau, commençaient à effectuer de très prompt progrès, voyant également que l’artillerie Française, placée sur les hauteurs d’Iéna par ses maréchaux, commençait à désorganiser et à détruire la plupart des régiments de l’armée Prusso-Saxonne, Napoléon ordonnât, à tous ses maréchaux, d’attaquer, tous en même temps, toute l’étendue de la ligne ennemie. Il était temps d’en finir et d’arracher, pour de bon, la victoire.

Dès lors, après avoir reçu l’ordre de Napoléon, les maréchaux Soult, Augereau, Lannes et Ney firent redoubler le feu de leurs pièces d’artillerie et ordonnèrent, à leur troupes Française, d’attaquer ce qui restait des bataillons Prusso-Saxons à la baïonnette.

L’offensive Française se terminât par un carnage pour les bataillons Prusso-Saxon qui se trouvaient en première ligne. Déjà très fortement ébranlés par le feu de l’artillerie Française, les bataillons Prusso-Saxon ne pouvaient plus résister à toutes les colonnes Française qui les attaquaient en même temps. Après une heure de nouveaux combats, les Français enfoncèrent les Prussiens, à la baïonnette, sur toute la ligne, s’emparèrent des canons Prussien et des drapeaux par dizaine.

A titre d’exemple, le régiment Prussien personnel d’Hohenlohe, celui de Hahn, les bataillons Prussien de la réserve de Dyhern, le régiment Saxon de Cerini furent presque entièrement détruits par le feu de l’artillerie Française où les baïonnettes des grenadiers Français et mis dans une déroute complète.

Le général Grawert, lui-même, fut grièvement blessé pendant qu’il combattait courageusement à la tête de son infanterie Prusso-Saxonne.

Voyant, avec un désespoir complet, la fuite de toute ses corps Prusso-Saxon, le général Hohenlohe essayât, néanmoins, de rallier ses soldats, leur rappelant, notamment, leur glorieux passé. Cependant, les Français leur avaient trop de mal et selon l’expression de l’Allemand Von der Gotz "l’armée Prusso-Saxonne se transformât en un torrent de fuyards."

Dès lors, Hohenlohe venait de perdre, promptement, la bataille d’Iéna. L’arrivée du corps Prusso-Saxon du général Rüchel n’allait, d’ailleurs, rien changer à l’affaire.

Afin de protéger la retraite de l’infanterie Prusso-Saxonne qui se trouvait complètement rompue, les escadrons de cavalerie prusso-Saxonne fournirent plusieurs charges d’arrière-garde sur l’infanterie Française.

Cependant, afin de tenir tête à cette cavalerie et de permettre aux bataillons Français de continuer leur poursuite des fuyards ennemis, les maréchaux Soult, Lannes, Ney et Augereau n’hésitèrent pas à lancer, dans de nombreuses charges, la plupart des régiments de chasseurs à cheval et d’hussards Français qu’ils possédaient au sein de leur corps d’armée.

En conséquence, le champ de bataille devint le théâtre de nombreux duels isolés où les escadrons des deux armées s’affrontèrent avec des succès variés.

 

_ A la tête de son corps Prusso-Saxon, le général Rüchel arrive sur le champ de bataille trop tard. Il prend l’offensive et se fait tuer héroïquement à la tête de ses troupes. Bientôt, devant faire face à des forces supérieure en nombre, le corps du défunt Rüchel est complètement anéanti. Les maréchaux Soult et Murat contribuent largement à ce nouveau succès des Français :

 

Alors qu’un grand désastre se consumait sur le champ de bataille, le général Rüchel arrivât, enfin, avec son corps Prusso-Saxon. Cependant, il arrivait trop tard car, à ce moment là, la bataille était déjà perdue pour les Prusso-Saxons.

Ne s’étant pas encore aperçu que la plupart des corps Prusso-Saxon d’Hohenlohe se trouvaient dans une déroute totale, Rüchel décidât de lancer son propre corps dans une offensive. Il disposât son infanterie au centre de son corps et la déployât en deux lignes. En outre, Rüchel positionnât sa propre cavalerie à la gauche de son infanterie. Enfin, la cavalerie Saxonne du général Zeschwitz vint se placer à la droite du corps de Rüchel.

Par la suite, les troupes de Rüchel commencèrent à gravir les plateaux qui avoisinaient le village de Landgrafenberg et l’Ilm.

Alors qu’il venait, à peine, d’entamer la montée de ces plateaux, le corps de Rüchel fut bientôt submergé par une tempête de fuyards. C’étaient les milliers de soldats Prusso-Saxon d’Hohenlohe qui fuyaient à perte de vue, cela afin d’échapper aux baïonnettes des soldats Français qui les poursuivaient sans relâche.

A la vue de ce désastre, le pauvre Rüchel commençât à comprendre que la bataille venait d’être perdue et en fut très attristé. Cependant, n’écoutant que son courage, Rüchel se décidât, tout de même, à continuer son attaque et atteignit, bientôt, le sommet des plateaux. Ainsi, par l’intermédiaire de cette manœuvre, Rüchel fit voir, à tous les maréchaux Français, l’existence de son cops.

En conséquence, s’apercevant qu’il restait encore un corps Prusso-Saxon à défaire, les maréchaux Français l’attaquèrent tous en même temps.

Tout d’abord, par l’intermédiaire de plusieurs escadrons de chasseurs à cheval de son corps Français, le maréchal Soult fit attaquer la cavalerie Prusso-Saxonne qui se trouvait disposée à l’aile gauche du corps de Rüchel. Bientôt, les chasseurs Français attaquèrent le flanc de cette cavalerie et la rompirent au premier choc.

Au même moment, Rüchel fut tué d’une balle Française qui vint le frapper en plein milieu de la poitrine. Presque aussitôt, un de ses aides de camp le remplaçât. Cependant, l’infanterie Prusso-Saxonne du défunt Rüchel se vit, bientôt, attaquée de tous les côtés à la fois. En effet, pendant que les troupes Française de Soult recommençaient à attaquer le flanc gauche de l’ennemi, les maréchaux Lannes et Ney se mirent attaquer, frontalement, cette même infanterie Prusso-Saxonne.

Cependant, par l’intermédiaire d’une nouvelle attaque qu’il fit effectuer sur le flanc gauche de l’ennemi, ce fut Soult qui contribuât, le plus, à défaire l’ennemi.

En effet, après être arrivés au contact des bataillons adverse qui se trouvaient à l’extrême-gauche du dispositif de l’infanterie Prusso-Saxonne, les troupes Française de Soult exécutèrent, sur ces derniers, plusieurs feux de mousqueterie et les chargèrent à la baïonnette.

Dès lors, ces bataillons furent pris d’une "terreur panique" et se mirent à fuir dans tous les sens. Bientôt, les autres bataillons de l’infanterie Prusso-Saxonne se mirent également à se débander entièrement.

Le maréchal Murat venait tout juste d’arriver avec la réserve de cavalerie Française. Voyant les bataillons Prusso-Saxon du corps de Rüchel en pleine fuite, Murat lançât, à la poursuite de ces derniers, les dragons et les cuirassiers Français de son corps.

Bientôt, à la suite d’une belle manoeuvre exécutée lors de leurs charge, les cavaliers Français de Murat arrivèrent à encercler la majorité des bataillons Prusso-Saxon de Rüchel. Les cavaliers Français sabrèrent, ensuite, ceux qui voulaient résister et firent prisonniers ceux qui voulaient se rendre.

 

_ Malgré la déroute de la plupart des troupes Prusso-Saxonne, deux brigades Saxonne combattent encore sur le champ de bataille. Opposant, tout d’abord, une résistance honorable, les Saxons sont finalement repoussés par les troupes Française d’Augereau et écrasés par une charge de la cavalerie Française de Murat :

 

Après le désastre complet que venait de subir le corps Prusso-Saxon de Rüchel, il ne restait, sur le champ de bataille, que les deux brigades Saxonne des généraux Prussien Burgsdorf et Nehroff. Dans l’armée d’Hohenlohe, elles étaient les deux seuls brigades à ne pas s’être débandées.

Tout d’abord, retranchées dans le village de Schnecke, ces deux brigades Saxonne résistèrent, honorablement, aux attaques des divisions Française des généraux Heudelet et Desjardin. Celles-ci appartenaient au corps du maréchal Augereau.

Cependant, les généraux Heudelet et Desjardin firent déployer leur troupes en formation de tirailleurs et recommencèrent leurs attaques sur les brigades Saxonne. Par l’intermédiaire de feux de mousqueterie excellemment exécutés et bien visés, les Français arrivèrent, enfin, à repousser les deux brigades Saxonne hors du village de Schnecke.

Après avoir évacué ce village, les deux brigades Saxonne effectuèrent, dans la plaine, une retraite en bon ordre. En outre, dans celle-ci, les deux brigades Saxonne se formèrent en carrés. Ces derniers se trouvaient constitués par trois face d’infanterie et une d’artillerie.

Venant, tout juste, de terminer l’extermination du corps de Rüchel, le maréchal Murat avait les mains libres. Apercevant, avec sa jumelle personnelle, que deux carré Saxon s’apprêtaient à quitter le champ de bataille en ordre, Napoléon demandât, justement, à Murat de venir les écraser à leur tour.

Murat exécutât, aussitôt, l’ordre qu’il venait de recevoir.

Les dragons Français de son corps attaquèrent et abordèrent le premier carré Saxon, cependant cette première attaque ne donnât aucun résultats. Dès lors, les dragons Français se reformèrent, revinrent à la charge, arrivèrent à pénétrer à l’intérieur du carré et sabrèrent ou firent prisonnier la plupart des soldats Saxon qui composaient ce premier carré.

Quand au second carré Saxon, le général d’Hautpoul l’attaquât avec ses cuirassiers Français, réussit, également, à s’ouvrir un passage à l’intérieur de celui-ci, fit sabrer toute résistance et fit prisonnier le reste.

 

_ L’armée Français est totalement victorieuse sur le champ de bataille. Cependant, afin d’infliger le plus de pertes possible à aux Prusso-Saxons en fuite, Napoléon lance la cavalerie Française de Murat à leur poursuite. Murat remporte, de nouveau, un succès quasiment complet :

 

En conséquence de ces deux succès des cavaliers Français de Murat, les deux carrés avaient été détruit et les deux brigades Saxonne n’existaient plus.

Il ne restait, dès lors, plus aucun détachement Prusso-Saxon sur le champ de bataille. Cependant, Napoléon ne voulait pas en rester là et voulut profiter, à fond, de la superbe victoire qu’il venait de remporter à Iéna. Son souhait était, désormais, d’exterminer, au maximum, ce qui restait de l’armée Prusso-Saxonne en fuite.

En observant, avec une minutie particulière, dans quel direction la plus grande masse de fuyards Prusso-Saxon avait fui, Napoléon pensât, avec justesse, que celle-ci s’était réfugiée tout près du village de Weimar.

Dès lors, s’imaginant dans quel désordre devait se trouver toute cette masse de fuyards et comprenant que celle-ci était, désormais, incapable de toute résistance, Napoléon ordonnât, à Murat, de rallier ses escadrons, d’accourir vers le village de Weimar, de trouver cette masse et d’y faire le maximum de tués, de blessés ou de prisonniers.

Napoléon ne s’était pas trompé.

A quelque distance de Weimar, une grande masse de fuyards Prusso-Saxon, comprenant des détachements d’infanterie, de cavalerie, d’artillerie, descendait, avec un certain désordre, une pente longue, rapide et qui se trouvait à proximité de l’Ilm.

Bientôt, les escadrons Français de Murat arrivèrent au sommet de la pente. Afin de faire capituler entièrement la masse de fuyards ennemie, Murat décidât de réaliser une nouvelle manoeuvre d’encerclement. Dans cette exercice, les dragons et les cuirassiers Français de Murat firent merveille et firent prisonniers plusieurs milliers de soldats Prusso-Saxon. Seuls quelques centaines de soldats Prusso-Saxon arrivèrent à s’échapper.

 

_ Bilan de la bataille :

 

Sur les 60 000 Prusso-Saxons qui avaient combattu sur le champ de bataille d’Iéna, il n’y avait pas eu un seul corps qui, après avoir été rompu, ne fit une retraite en bon ordre. Sur les 80 000 soldats Français qui aurait pu combattre à Iéna, seuls 50 000 d’entre eux furent suffisant pour infliger une défaite totale aux Prusso-Saxons.

Les pertes de l’armée Prusso-Saxonne se montèrent à 15 0000 tués ou blessés, 20 000 prisonniers, 158 canons et 26 drapeaux.

Du côté Français, 5300 soldats, seulement, étaient tués ou blessés.

Cependant, malgré son triomphe d’Iéna, Napoléon n’avait pas encore battu toutes les forces des Prusso-Saxons. Pour terminer définitivement la campagne à l’avantage des Français, il faudra, encore, la surprenante victoire que remporteras, à la bataille d’Auerstaedt, le maréchal Davout sur la seconde armée de la Prusse, c’est-à-dire l’armée Prussienne du Roi de Prusse

BATAILLE D’AUSTERLITZ, 1805

_Positions respectives des deux armées:

L’armée russe, continuant son mouvement, était alors placée de la manière suivante:

La première colonne de vingt-quatre bataillons russes, sous les ordres du lieutenant-général

Doctorow, formée sur deux lignes, occupait les hauteurs d’Austeriadeck, ayant un régiment dans le village d’Ausjezd.

La deuxième colonne de dix-huit bataillons russes, commandés par le lieutenant général Langeron, également sur deux lignes, s’était établie sur les hauteurs de Pratzen à la droite de la première colonne .

La troisième colonne de dix-huit bataillons russes sous les ordres du lieutenant général Prybyzewski, sur les hauteurs à la droite de Pratzen.

La quatrième colonne de douze bataillons russes, sous les ordres du lieutenant général Miloradowitch, et quinze bataillons autrichiens commandés par le général Kollowrath, commandant toute la colonne, était formée sur deux lignes en arrière de la troisième colonne .

La cinquième colonne de quatre-vingt-deux-escadrons, aux ordres du lieutenant général prince de Lichtenstein, se prolongeait sur les hauteurs en arrière de la troisième et quatrième colonne .

Le corps de réserve du grand-duc ( dix bataillons et dix-huit escadrons, dont quinze de cosaques ) étendait sa gauche au-delà d’Hollubitz et de Blasowitz, et sa droite jusqu’au pied des montagnes, vers la vallée de Sytwitz.

L’avant-garde du corps détaché de Kienmayer ( cinq bataillons, vingt-deux escadrons autrichiens et dix escadrons autrichiens et dix escadrons de cosaques), se trouvait en avant d’Aujezd .

Le mouvement de retraite ordonné par l’Empereur Napoléon s’effectua avec précision .

Le maréchal Soult, en se retirant d’Austerlitz, vint prendre la position avec ses trois divisions en arrière du bois de Turras, entre Sokolnitz et Schlapanitz.

Bernadotte se rendit à Brünn avec ses divisions françaises, et laissa à Iglau le général de Wrede avec les bavarois et les troupes Wurtembergeoises, pour faire tête au corps que l’archiduc Ferdinand avait réuni en Bohême, et qui, prévenu du mouvement de l’armée combinée, ne pouvait manquer d’attaquer.

Les troupes légères qui observaient la March furent repliées .

Les trois divisions du maréchal Davout furent rappelées et dirigées sur la position . Celle du général Gudin, qui venait de s’établir à Presbourg avec la brigade de cavalerie légère de Lassalle, ne put, malgré la rapidité de sa marche, arriver qu’à Nicolsbourg, le jour de la bataille; mais elle s’y trouva placée très utilement .

Celle du général Friant, qui occupait le pays et gardait les communications entre Nicolsbourg, Vienne et la March, fut ralliée et portée à l’abbaye de Raygern . La troisième, celle du général Caffarelli, qui était à Pohrlitz, continua de faire partie du corps du maréchal Lannes, et eut ordre de le joindre immédiatement .

Le maréchal Mortier, resté à Viennes avec les divisions Dupont et Gazan, se tint prêt à marcher au secours du général Marmont, dans le cas où l’archiduc Charles le repousserait en deçà des montagnes pour se porter sur Vienne.

Napoléon avait fait établir son bivouac sur une hauteur à droite de la grande route, à deux lieues et demie de Brünn, un peu en avant de Bellowitz, entre les deux ruisseaux qui se réunissent à Puntowitz . Il s’était rendu dès le 29 septembre, à ce bivouac qu’on appela "la butte de l’Empereur " .

Ce fut là qu’il reçut l’aide de camp d’Alexandre . Il détermina d’abord sa ligne de bataille, coupant perpendiculairement la grande route d’Olmutz, la droite au lac de Manitz, la gauche au pied de la masse de montagnes qui séparent le bassin de la Schwartza de cleui de la March, ayant devant elle et pour appui le Bosenitz-Berg, montagne détachée et escarpée que Napoléon fit retrancher et armer d’une forte batterie . Cette montagne s’appelait aussi le "Santon" .

Entre ces deux points d’appui, le front du centre de l’armée française était couvert en grande partie par des ruisseaux encaissées et des terrains marécageux qui faisaient de chaque village un défilé difficile.

Le 30 novembre, il n’y avait encore sur cette ligne que le corps du maréchal Lannes, sous les ordres duquel avait passé la division Caffarelli; le corps de Murat, la Garde Impériale et les trois divisions du corps du maréchal Soult formant en partie le centre, en partie la droite de l’ordre de bataille .


Le corps du maréchal Bernadotte n’arriva que le 1er décembre au soir, et la division Friant, conduite par le maréchal Davout, après avoir fait une marche de trente-six lieues en quarante heures, arriva, dans la nuit du 1er au 2, à l’abbaye de Raygern.

Le 1er décembre, au soir, l’armée française était placée ainsi:

L’aile gauche ( dix huit bataillons et huit escadrons ) sous les ordres du maréchal Lannes.

La brigade de chasseurs du général Milhaud et celle de hussards du général Treillhard, étaient à Bosenitz, en avant de la montagne du Santon, observant la vallée où l’ennemi avait jeté quelques escadrons de cosaques.

Le 17eme régiment d’infanterie légère, détaché de la division Suchet, fut chargé de garder, le poste retranché du Santon, avec une batterie de dix-huit pièces de fort calibre . Le commandement de ce poste important fut confié au général Claparède, auquel l’Empereur donna l’ordre de le défendre jusqu’au dernier homme .

Les quatre autres régiments de cette division s’appuyaient au Santon, se prolongeant à droite, traversaient la grande route d’Olmutz, et se trouvaient en première ligne masqués derrière un ravin

La division Caffarelli était en deçà du ruisseau, à gauche de la route.

Les reserves, savoir : Le 1er corps, commandé par le maréchal Bernadotte ( dix huit bataillons et huit escadrons ) forma une première réserve, et bivouaqua derrière la division Caffarelli, à droite et à gauche de la route.

Les grenadiers du général Oudinot ( dix bataillons ) se tenaient à droite de la route, en avant du bivouac de l’Empereur, à la hauteur de la division Caffarelli . Ils étaient destinés à former un seconde réserve .

La cavalerie de réserve ( quarante-quatre escadrons), sous les ordres de Murat, s’établit à gauche et à droite de la route, derrière la deuxième ligne d’infanterie et des grenadiers .

La Garde Impériale, dernière réserve ( dix bataillons et neuf escadrons ), sous les ordres de Bessières, se plaça en arrière du bivouac de l’Empereur.

Le centre se composait du quatrième corps ( trente et un bataillons et six escadrons ), sous les ordres du maréchal Soult .

La division Vandamme était placée en arrière de Jirszokowitz; la division Saint-Hilaire, en occupant le plateau en avant de Schlapanitz, et couvrant les débouchés des villages; la division Legrand était en position en arrière de Kobelnitz, couvrant le débouché, et occupant les villages de Sokolnitz et de Telnitz; la cavalerie légère du général Margaron était en reconnaissance sur les hauteurs de Pratzen, se repliant ensuite en arrière de Sokolnitz .

L’aile droite était formée du 3eme corps ( dix bataillons et douze escadrons ), sous le commandement du maréchal Davout; la division Friant arrivait à l’abbaye de Raygern, ainsi que la division de dragons du général Bourcier.

Pendant que Napoléon resserrait ainsi sa ligne de bataille, les alliés, au contraire, manœuvraient à découvert.

_ Proclamation de l’Empereur : Dans la soirée du 1er décembre, la proclamation suivante fut mise à l’ordre de l’armée :

" Soldats !

" L’armée russe se présente devant vous pour vengez l’armée autrichienne d’Ulm : ce sont les mêmes bataillons que vous avez battu à Hollabrun, et que, depuis, vous avez poursuivis constamment jusqu’ici . Les positions que nous occupons sont formidables, et pendant qu’ils marcheront pour tourner ma droite, ils me présenterons le flanc .

" Soldats ! Je dirigerai moi-même vos bataillons, je me tiendrai loin du feu si, avec votre bravoure accoutumée, vous portez le désordre et la confusion dans les rangs ennemis; mais si la victoire était un moment indécise, vous verriez votre Empereur s’exposer aux premiers coups; car la victoire ne saurait hésiter dans cette journée surtout, où il y va de l’honneur de l’infanterie française, qui importe tant à l’honneur de toute la Nation . "

" Que, sous le prétexte d’emmener les blessés, on ne dégarnisse par les rangs, et que chacun soit bien pénétré de cette pensée, qu’il faut vaincre ces stipendiés de l’Angleterre, qui sont animés d’une si grande haine contre notre Nation . "

" Cette victoire finira notre campagne, et nous pourrons reprendre nos quartiers d’hiver, où nous serons rejoint par les nouvelles armées qui se forment en France, et alors la paix que je ferai sera digne de mon peuple, de vous et de moi . "

_ Nuit du 1er au 2 décembre . Visite des bivouacs par l’Empereur :

L’Empereur voulant s’assurer si sa proclamation avait produit sur son armée l’effet qu’il en espérait, s’approcha, quand vint la nuit, de quelques bivouacs en avant du quartier général . Ce jour était la veille de l’anniversaire du couronnement : quelques soldats eurent la pensée de prendre la paille sur laquelle ils reposaient et d’en former des fanaux qu’ils placèrent au bout de leur fusils; en un instant, toute la ligne suivit cet exemple, et la vaste plaine de Schlapanitz offrit le spectacle de la plus brillante illumination . 55 000 hommes, placés sur le front de la bandière, saluèrent l’Empereur d’acclamations bruyantes, en lui annonçant que l’armée lui donnerait le lendemain un bouquet digne de lui . Un vieux grenadier s’approcha même de Napoléon, et faisant allusion à un passage de la proclamation : " Sire, lui dit-il, tu n’auras pas besoin de t’exposer; je te promets, au nom de nos camarades, que tu n’auras à combattre que des yeux, et que nous t’amèneront demain les drapeaux et l’artillerie de l’armée russe, pour célébrer l’anniversaire de ton couronnement . " L’Empereur ému de tant de marques de dévouements, s’écria en rentrant à son bivouac : " Voilà la plus belle soirée de ma vie; mais je regrette de penser que je perdrai demain bon nombre de ces braves gens . " Sa tournée avait été longue, il n’était de retour à son bivouac qu’à minuit; néanmoins, à une heure, il monta à cheval, parcourut les avants-postes, et se fit rendre compte de ce qu’ils avaient pu découvrir du mouvements des russes . Il apprit que des patrouilles ennemies s’étaient présentées pendant la nuit sur la droite, aux villages de Telnitz et de Sokolnitz, et que déjà l’artillerie russe filait sur ce point .

Certain dès lors que le général Kutusow n’avait pas changé de projet, il acheva de prendre ses dispositions pour l’action générale qui allait s’engager . L’Empereur fit entrer en ligne la cavalerie de Murat, qui appuya sa gauche à la division Caffarelli . Le corps du maréchal Bernadotte ne fit aucun mouvement pendant la nuit, mais il reçut l’ordre de marcher sur Jirszokowitz, pour former le centre de la ligne, aussitôt que les troupes du maréchal Soult se seraient ébranlées .

Celui-ci, avec ses trois divisions, forma l’aile droite, Davout, détaché à son extrémité avec la seule infanterie de la division Friant et les dragons du général Bourcier, devait fermer la ligne en s’appuyant sur les lacs, à Telnitz, juste au point où l’ennemi, dans l’intention de déborder l’aile droite des français, dirigeait ses premiers efforts . Enfin, l’Empereur fixa lui-même son poste de bataille et celui de son état-major à la tête de la réserve qu’il composa des dix bataillons des grenadiers d’Oudinot . Cette réserve était rangée sur deux lignes en colonne par bataillon, ayant, dans ses intervalles quarante pièces de canon servies par les canonniers de la Garde .

_ Bataille d’Austerlitz, L’Empereur donne ses ordres aux maréchaux :

Le jour parut enfin . Napoléon se porta sur le front des troupes, inspecta une grande partie des régiments, les animant de la voix et du geste, leur promettant de nouvelles victoires, de nobles et grandes récompenses .

" Soldats, leur dit-il, il faut finir cette campagne par un coup de tonnerre qui écrase nos ennemis . Ne vous attachez pas à tirer beaucoup de coups de fusils, mais plutôt de tirer juste . Ce soir nous aurons vaincu ces peuplades du nord qui osent se mesurer avec nous . " Il adressa ensuite successivement la parole à tous les corps . En passant devant le front du 57eme régiment, il s’écria : " Souvenez-vous qu’il y a bien des années, je vous ai surnommé le Terrible . " Et au 28eme, composé en grande partie de conscrits du Calvados et de la Seine-Inférieure : " J’espère que les normands se distingueront aujourd’hui . " Cependant le soleil montait radieux sur l’horizon; à mesure que ses rayons dissipaient le brouillard du matin, on voyait les hauteurs de Pratzen se dégarnir successivement, et les colonnes ennemies abandonner imprudemment cette belle position et descendre dans la plaine à travers un terrain coupé et difficultueux . On les laissa s’y engager .

L’Empereur avait gardé auprès de lui les maréchaux qui attendaient ses dernières instructions; il s’adressa au maréchal Soult : " Combien vous faut-il de temps pour couronner les hauteurs de Pratzen ? "

" Moins de vingt minutes, répondit le maréchal, car mes troupes sont placées dans le front de la vallée : couvertes par les brouillards et la fumée des bivouacs, l’ennemi ne peut les apercevoir . "

" En ce cas, dit Napoléon, attendons encore un quart d’heure . "

Quelques instants après on annonça à l’Empereur que la gauche de l’ennemi paraissait devant Telnitz, et que la division Legrand allait être attaquée . Il donna ses ordres; chacun des maréchaux partit au galop pour rejoindre son corps, et bientôt le feu commença à notre droite .

_ Dispositions de l’armée russe :

L’armée russe était divisée en sept colonnes . Sa gauche, aux ordres du général Buxhowden, était forte de 30 000 hommes et divisée en trois colonnes, qui marchèrent sur Telnitz et Solkolnitz . Le centre, sous les de Kollowrath, avec lequel était le quartier général, devait s’avancer en une colonne sur Kobelnitz; il se composait de douze bataillons russes et de quinze bataillons autrichiens de nouvelles levées . La cinquième colonne, formée de quatre-vingt escadrons et commandé par le prince Jean de Lichtenstein, devait seconder la droite en marchant vers la chaussée de Brünn .

La droite, composée de l’avant-garde de Bagration, comptait douze bataillons russes et quarante escadrons de même nationalité; elle était chargée d’attaquer les hauteurs du Santon et de Bosenitz . Une septième colonne, composée de la Garde russe sous le grand-duc de Constantin, formait la réserve de l’aile droite .

_ Attaque de la droite française par l’aile gauche russe, Prise de Telnitz :

Aussitôt que l’Empereur Napoléon eut donné le signal, toutes les divisions fraîches s’ébranlèrent . Bernadotte franchit le défilé de Dirzokowitz et s’avança sur Blasowitz, soutenu à gauche par Murat; Lannes marcha à la même hauteur des deux cotés de la chaussée de Brünn; la Garde et la réserve suivirent à quelques distances le corps de Bernadotte, prêtés à donner sur le centre, si l’ennemi voulait y reporter ses forces . Déjà le canon tonnait sur Telnitz . Le corps du général Kienmayer, la 1ere colonne russe, la 2eme et une partie de la 3eme, s’éloignant du vrai champ de bataille, s’avançaient par un long détour pour envelopper l’armée française dans une position où elle n’était pas . Le général Kienmayer, qui avait ordre de forcer le défilé de Telmitz pour frayer le passage à la première colonne, fit attaquer d’abord par deux bataillons du régiment de Szekler, le 3eme régiment d’infanterie française, posté sur une hauteur en avant du village, et porta sa cavalerie sur ses flancs pour contenir celle moins nombreuse du général Margaron, qui paraissait de l’autre coté .

Après avoir éprouvé une vive résistance et perdu beaucoup d’hommes, les autrichiens pénétrèrent dans le village . Le général Legrand fit soutenir le 3eme régiment par le 26eme d’infanterie légère . L’ennemi, repoussé, se maintint sur la hauteur . Le combat devint très vif, il durait avec acharnement depuis une heure, quand le général Buxhowden, débouchant d’Aujezd avec la première colonne, fit renouveler l’attaque par trois bataillons autrichiens soutenus d’une brigade russe . Devant des forces su supérieures, les deux régiments français évacuèrent le défilé, et se formèrent en bataille au-delà, sur le revers des coteaux . Au lieu de profiter de ce premier avantage et de passer le défilé, le général Buxhowden voulut attendre l’arrivée de sa 2eme colonne entre le pied des hauteurs et le village de Sokolnitz .

Le général Margaron, avec sa cavalerie et quelques pièces d’artillerie légère, contenait encore la tête de colonne russe dans le défilé . Il fit prévenir le maréchal Davout, qui, parti de Raygern avec les trois brigades de la division Friant, s’était d’abord dirigé sur Turas, et ensuite, d’après de nouveaux ordres, sur Sokolnitz . Le maréchal, changeant de direction, se porta aussitôt sur Telnitz, détacha le 1er régiment de dragons pour soutenir les troupes de la division Legrand, qui avaient été forcées de se replier, et pressa la marche de son infanterie. Le général Heudelet, commandant la première brigade, ne fut pas plutôt arrivé à la hauteur de Telnitz, qu’il s’y précipita . Pendant plus d’une heure le 15eme d’infanterie légère et le 108eme de ligne combattirent corps à corps, à la baïonnette, avec tant d’intrépidité, que, malgré leur supériorité numérique, les troupes russes furent contraintes de céder et d’abandonner le village jonché de morts .

Les russes y perdirent cinq pièces de canon et deux drapeaux . Ils allaient déposer les armes, lorsque le général autrichien Nostiz chargea brusquement l’infanterie française avec deux escadrons de hussards, et arrêta sa marche . Quand le brouillard fut dissipé, le général Buxhowden déploya sa colonne en plusieurs lignes sur la hauteur, et l’aspect de cette masse décida les français à évacuer Telnitz que l’ennemi occupa sur-le-champ .

Une division de la cavalerie russe parvint ensuite à passer le défilé, et se forma en bataille : Telnitz fut gardé par quelques bataillons et de l’artillerie .Les français se retirèrent dans la direction de Turas .

_ Prise de Sokolnitz par les russes : Pendant que ces événements se passaient à Telnitz, les deuxième colonnes et troisième colonnes de l’armée russe s’étaient avancés vers Sokolnitz, gardé par deux bataillons de la division Legrand . Ces bataillons avaient à leur gauche, sur une hauteur entre Solkolnitz et Kobenitz, une batterie de canon, dont le feu prit en écharpe l’ennemi, qui riposta vivement . La canonnade, engagée ainsi à gauche et devant Sokolnitz, abima ce village.

Les généraux Langeron et Prybyzewski, commandant les deuxièmes et troisième colonnes russes, sans s’inquiéter de ce qui se passait à la quatrième, sans communications directe avec elle, sans s’informer des mouvements offensifs de la ligne française, ne songèrent qu’à poursuivre leur marche sur Sokonitz, et finirent par emporter ce village que les français évacuèrent en bon ordre .

_ Attaque de la gauche française . Combat des hauteurs de Blazowitz :

Pendant les attaques de l’ennemi sur l’extrême droite de l’armée française, d’autres opérations se passaient à son centre et à sa gauche. Le maréchal Soult avait fait évacuer la division Saint-Hilaire pour attaquer les hauteurs et le village de Pratzen, en même temps que le maréchal Bernadotte, qui venait de passer le ruisseau de Jirzokowitz avec les divisions Rivaud, sur la droite, et Drouet sur la gauche, se dirigeait sur les hauteurs de Blazowitz. A gauche de cet division et sur plusieurs lignes, était la cavalerie de Murat, prête à se porter entre Jirzokowitz et Kruh . Le maréchal Lannes, ayant à droite la division Caffarelli et à gauche de Murat, à cheval sur la chaussée .

Le combat s’engagea aussitôt sur tous les points de cette ligne du centre et de la gauche des français Le grand-duc Constantin, ayant quitté les hauteurs en avant d’Austerlitz, pour se porter sur celles de Blasowitz et de Kruh, se trouva sur ce point en présence des divisions Drouet et Rivaud, et des escadrons de cavalerie légère de Murat, commandées par le général Kellerman, et par conséquent, en première ligne . Ses tirailleurs s’engagèrent avec ceux des français . Le grand-duc se hâta de faire occuper le village de Blasowitz par un bataillon de chasseurs de la Garde russe . Au même moment arriva le prince de Lichtenstein, avec sa colonne de cavalerie .

Celle-ci avait l’ordre de se porter sur la gauche du corps de Bagration pour occuper la plaine entre Kruh et le cabaret de Lesch; mais marchant derrière la troisième colonne, elle fut arrêtée par les troupes d’infanterie qui la croisèrent lorsqu’elles se portèrent en avant pour descendre des hauteurs de Pratzen, au commencement de l’action .

Par ce retard, Lichtenstein n’avait pu placer à la hâte que dix escadrons aux ordres du lieutenant général Uvarow, sur la gauche de Bagration, pour assurer le flanc de ce général, qui avait déjà devant lui une partie de la cavalerie de Murat . Trouvant le grand-duc engagé avec les tirailleurs de la division du général Kellerman, soutenu à droite et à gauche par ceux des divisions Caffarelli et Rivaud, il s’était décidé à se mettre en bataille pour charger les dernières troupes .

Les hulans du régiment du grand-duc Constantin se déployèrent les premiers . Entraînés par l’ardeur du général Essen, qui était à leur tête, ils n’attendirent point que les autres régiments fussent formés, et fondirent sans être soutenus, sur la cavalerie de Kellerman . Celle-ci se retira par les intervalles de l’infanterie, et les hulans les ayant suivi, reçurent à bout portant le feu des bataillons qu’ils traversaient .

Arrivés en désordre au-delà de cette première ligne, ils se trouvèrent en présence au delà d’une seconde, composée de cette cavalerie reformée, qui les reçut avec vigueur . Pendant ce temps, les divisions Caffarelli et Rivaud, formant une ligne sur leur droite et sur leur gauche, prirent les hulans entre les deux feux, et ceux-ci perdirent en un instant plus de 400 hommes .

Le général Essen fut grièvement blessé . Le reste du régiment, mis en pleine déroute, regagna avec peine le corps de Bagration, derrière lequel il essaya de se reformer. Bagration s’était porté en avant de la Poste de Posorsitz, pour s’opposer à la division Suchet, formant la gauche du maréchal Lannes, appuyée au Santon près de Kovalowitz; il avait fait occuper, par trois bataillons de chasseurs, les villages de Kruh et de Holubitz.

_ Attaques de deux centres . Combats des hauteurs de Pratzen :

Par suite de ces dispositions maladroites, le centre de l’armée combinée, où allait se décider le sort de la bataille, était bien plus faible que les deux ailes . La réserve, qui aurait pu le soutenir, avait assez à faire de combattre les troupes qui lui étaient opposées sur la première ligne . Ce centre, formé par la quatrième colonne aux ordres du général Kollowrath, abandonné de la troisième colonne ( acharnée si inutilement à la prise de Solkolnitz ), et de toute la gauche, était composé de vingt-sept bataillons russes, dont faisait partie les régiments russes qui avaient combattu à Diernstein, chacun de ces bataillons ne comptait pas plus de 400 hommes .

Les bataillons autrichiens, au nombre de quinze, étaient presque tous de nouvelles levées, et organisés depuis cinq semaines seulement . La force totale de la quatrième colonne ne dépassait pas 15 000 hommes . L’Empereur Alexandre, qui accompagnait le général en chef Kutusow, arriva à la tête de la quatrième colonne au moment où elle allait commencer son mouvement . Pour donner aux autres colonnes de la gauche le temps d’entrer en ligne, Kollowrath avait reçu ordre de ne s’ébranler qu’à huit heures du matin .

Le combat de Telnitz était donc engagé, et les trois colonnes de la gauche en pleine marche, lorsque celle du centre se forma et se rompit par pelotons par la gauche . Les douze bataillons russes, sous les ordres du général Miloradowich, tenaient la tête de colonne .

Deux de ces bataillons et un escadron du régiment de dragons de l’archiduc Jean, formaient l’avant-garde et marchaient à peu de distance du gros des troupes . Il était neuf heures du matin, lorsque la colonne de Kollowrath, arrivée sur les hauteurs de la droite de Pratzen, aperçut tout à coup dans un fond, en avant de Pratzen, une masse d’infanterie française C’étaient les trois brigades de la division Saint-Hilaire, aux ordres du général Morand, Thiébault et Varé, formées en colonnes d’attaque .

Ces brigades se mirent en mouvement à l’instant où l’avant-garde ennemie s’approcha de Pratzen; celle-ci se hâta d’occuper le village, passa un pont qui étant en avait; un de ses bataillons se posta sur une hauteur à gauche, où se trouvait encore la queue de la troisième colonne . Le second bataillons resta dans le village .

Le général Kutusow, surpris du mouvement du général Saint-Hilaire, et se voyant attaqué au lieu d’être attaquant comme il l’espérait, sentit de quelle importance était la conservation de cette position de Pratzen vers laquelle s’avançaient les colonnes françaises . Cette position assurait seule les derrières de la troisième colonne russe, aux ordres de Prybyzewsky qui, ayant hâte de parvenir à sa destination, marchait toujours et s’aventurait sans songer à ce qui pouvait arriver sur sa droite et derrière elle . Le sort de la bataille tenait à l’occupation du plateau de Pratzen, clef de la position que l’armée russe venait de quitter en partie . Dès que Kutusow vit les français si près de lui, il prit des mesures pour leur faire face, et envoya demander quelque cavalerie au prince de Lichtenstein, qui détacha quatre régiments russes pour venir à son aide .

Les deux brigades Morand et Thiébault s’avancèrent dans le meilleur ordre; celle du général Varé marchait sur la droite du village, menaçant de passer dans l’intervalle de la colonne de Kollowrath et des quatre régiments de cavalerie envoyés par Linchtenstein .

Kutusow fit avancer l’infanterie russe du général Miladorowitch de ce coté et dirigea un renfort vers son avant-garde . .La division St-Hillaire prend le pas de charge, bouscule les détachements russes de Miladorowitch à la baïonnette, traverse et s‘empare du village de Pratzen.

L’ennemi voulut regagner le terrain qu’il venait de perdre, mais les colonnes françaises, s’avançant toujours sans répondre au feu dirigé contre elles, ne commencèrent à tirer qu’à cent pas de distance des premiers rangs de l’ennemi . Cette fusillade fut très meurtrière . Le général Saint-Hilaire fit avancer les deux brigades Thiébault et Morand sur la hauteur, appuyant sa gauche à l’église de Pratzen, et sa droite sur le point culminant des hauteurs .

Le général Morand plaça le 10eme régiment d’infanterie légère en potence pour faire face à une brigade de la queue de la troisième colonne, qui, séparée du reste, était encore sur la hauteur et menaçait la droite de la division française .

L’Empereur de Russie ordonna alors à quelques bataillons de se porter rapidement en avant et de prendre en flanc les français, que le général Kollowrath eut ordre d’arrêter sur la gauche; celui-ci se porta, en conséquence , avec deux brigades autrichiennes contre les hauteurs sur lesquelles les brigades françaises s’étendaient de plus en plus en poursuivant les bataillons russes qui avaient été repoussés .

Les autrichiens abordèrent avec sang-froid le 36eme régiment de ligne français, qui se défendit longtemps contre des forces doubles; mais comme les bataillons auxquels il devait s’appuyer s’écartaient un peu trop à gauche et à droite, il lui fallut un moment céder du terrain .

Cependant le général Saint-Hilaire ayant fait resserrer ses troupes, ce régiment, aidé du 14eme, reprit l’offensive .

Sur ces entrefaites, la division Vandamme était arrivée à la gauche de la division Saint-Hilaire, et le général Kutusow avait fait venir en toute hâte un brigade appartenant à la seconde colonne russe restée en réserve sur la hauteur que cette colonne avait, ainsi que la troisième, occupée pendant la nuit .

Le maréchal Soult, pour se lier aux troupes du centre, et empêcher que l’ennemi, passant par l’intervalle qui existait entre sa gauche et celle de Bernadotte, ne se portât sur ses derrières, fit appuyer à gauche un des brigades de la division Vandamme, celle du général Schinner .

Cette brigade achevait son mouvement, lorsqu’elle fut chargée par une partie de la cavalerie de la Garde russe, accourant alors en toute hâte sur le terrain, où l’infanterie de la Garde d’Alexandre était aux prises avec les divisions du maréchal Bernadotte .

Un bataillon du 4eme régiment de ligne fut entouré, sabré, et perdit son aigle . Le reste de la brigade eut peu de monde tué . Après avoir essuyé la charge de la cavalerie, les soldats se mirent ventre à terre, et la plupart d’entre eux regagnèrent la seconde brigade et se mirent en ligne .

_ Défaite des russes de Kollowrath au centre :

Kutusow pensa qu’une attaque générale à la baïonnette pourrait seule forcer les français à abandonner les hauteurs de Pratzen dont ils s’étaient emparés .

Les brigades austro-russes s’avancèrent au pas de charge; mais une fusillade terrible éclaircit aussitôt leurs rangs . Cette réception vigoureuse les intimida, et leur marche se ralentit tout à coup . Aussitôt les français de Vandamme s’avancèrent à leur tour au pas de charge, et, chargeant à la baïonnette, ils repoussèrent les russes qui abandonnèrent la plus grande partie de leur artillerie . Les français restaient maître des hauteurs de Pratzen.

Les troupes du centre ennemi se replièrent sur Waschau, et le général Kollowrath chercha à les rallier dans une position entre Hodiegitz et Herspitz.

En possession des hauteurs de Pratzen, le maréchal Soult n’y laissa que les troupes suffisantes pour les garder, et se porta avec le reste de son corps sur les derrières des colonnes de la gauche russe, dont les têtes étaient alors engagées dans les défilés de Sokolnitz et de Telnitz.

_ Défaites des russes de Constantin et de Bagration à la gauche française :

Voyons maintenant ce qui se passait à l’autre partie du centre et à la gauche de l’armée française. Le prince de Lichtenstein, après la malheureuse attaque faîte par le grand-duc Constantin, couvrit avec sa cavalerie, une partie du terrain entre Blasowitz et Pratzen; les français avaient reculé devant lui, afin d’éloigner davantage sa colonne de la colonne de Kollowrath . Le général autrichien Caramelti, avec les cuirassiers de Lorraine, avait chargé l’infanterie française, au moment où cette infanterie cherchait à prendre en flanc les russes qui combattaient encore sur les hauteurs de Pratzen; mais les cuirassiers avaient été repoussés, ainsi que le régiment de Nassau envoyé par Lichtenstein pour les soutenir .

En ce moment, le maréchal Soult achevait la déroute de la quatrième colonne sur les hauteurs de Pratzen . Prévenu de cet échec, le prince de Lichtenstein se porta de ce coté dans le but de couvrir la retraite de la colonne battue .

Il contribua puissamment à rallier les bataillons de Kollowrath, et occupa jusqu’à la nuit le pied de la hauteur entre Pratzen et Krenowitz. Pendant ce temps, la réserve de Constantin se trouvait engagée dans un combat non moins opiniâtre

que celui des hauteurs de Pratzen . Le grand-duc, comme on l’a vu, avait fait occuper le village de Blasowitz par un bataillon des chasseurs de la Garde russe . Ce village fut attaqué et emporté par les troupes de Bernadotte.

Constantin, voulant le reprendre, s’avança en ligne sur les troupes du maréchal . Le combat s’engagea d’abord avec les tirailleurs de la division Drouet qui ne se replièrent que lorsque le grand-duc les fit charger .

Bernadotte fit avancer la compagnie d’artillerie légère du 6eme régiment, et le feu de ses six pièces porta le ravage dans les rangs de l’infanterie russe . La division Drouet s’avança ensuite et culbuta les bataillons de la Garde ennemie .

Alors la cavalerie de la Garde impériale russe, n’ayant pas pu entamer la division française, passa dans les intervalles des régiments, et se trouva tout à coup en présence de la cavalerie de la Garde impériale française, qui la repoussa vigoureusement et la força de traverser de nouveau les intervalles de l’infanterie, dont le feu lui fit perdre beaucoup de monde . Le choc fut terrible entre les deux Gardes .

Les chevaliers-gardes russes d’Alexandre, régiment d’élite parmi ces corps chosis, se flatèrent en vain de résister plus longtemps . Les chasseurs et les mamelouks de Rapp s’élancèrent, repoussèrent une partie de la cavalerie russe, mais le gros de la cavalerie russe contre-attaque, malgré des prodiges de valeurs, les chasseurs et les mamelouks furent ramenés par le surnombre, alors l’Empereur déchaîna, le mot n’est pas trop fort, les chevaux noirs de Bessières, c’est ainsi que l’on surnommait les célèbres grenadiers à cheval de la Garde impériale de Bessières ,ceux ci s’élancèrent en criant " Faisons pleurer les dames de St-Petersbourg ! ".

Les deux cavalerie ralentirent et se mélangèrent .Le corps a corps au sabre commença, dans une série de combats individuelles les grenadiers à cheval firent passer leurs énormes sabres au travers des cavaliers russes, les chasseurs et les mamelouks de Rapp en profitèrent pour prendre une revanche, ils chargèrent et enfoncèrent à leur tour une partie de la cavalerie russe, Rapp captura le prince russe Reptine.

La cavalerie de la garde russe laissa 600 tués et 200 prisonniers dans cette action. Ce qui restait de cette cavalerie russe fut rejetée, pantelant, au bas du plateau . Les divisions françaises continuèrent leur mouvement en avant sur le plateau de Blasowitz .

A la gauche, le maréchal Lannes s’était avancé avec les deux divisions Caffarelli et Suchet des deux côtés de la chaussée de Brünn à Olmutz . Il rencontra en avant de la poste de Posorsitz la gauche des troupes de Bagration, marchant pour couronner les hauteurs en avant de Dwaroschna avec son infanterie, tandis que le général Uwarow, avec la cavalerie détachée de la colonne de Lichtenstein, restait près d’Holubitz, qui était occupé, ainsi que le village de Kruh par l’infanterie ennemie .

En cas d’échec, le maréchal Lannes avait, pour couvrir sa gauche et sa retraite, la position du Santon, défendue par dix-huit pièces de canon, et gardée par le 17eme régiment d’infanterie légère, sous les ordres du général Claparède .

Bagration, ayant été obligé d’envoyer sa cavalerie presque tout entière pour défendre sa gauche, arriva au pied du Santon avec des troupes bien suffisantes .

Mais ignorant toute la force de cette position, il l’attaqua, croyant s’en rendre promptement maître; il fut bientôt désabusé . Ses troupes, écrasées par l’artillerie française, furent obligés de rétrograder jusqu’à Posorzitz où elles se maintinrent , grâce aux efforts du général Uwarow . Le maréchal Lannes commença son attaque, il lança d’abord les cuirassiers d’Hautpoul, mais les russes formèrent leurs carrés et brisèrent notre assaut.

Alors Lannes changea de tactique, il fit donner l’infanterie française dont l‘honneur ,avait dit l‘empereur, importait tant à celui de la nation. Les 34eme, 40eme; 64eme, 88eme de ligne battirent la charge générale, avec en tête du 34éme de ligne Lannes et Suchet, malgré la mitraille, les boulets, les grenadiers français arrivèrent à destination et repoussèrent les russes à la baïonnette, les russes furent mis en déroute et abandonnèrent toute leur artillerie. 4000 russes furent tués ou blessés, ils laissèrent en outre 2000 prisonniers. . Bagration fit alors sa retraite sur Austerlitz, protégé par la cavalerie d’Uwarow .

_ Défaite des russes de Buxhowden à la droite française : Une partie de l’armée russe est engloutie dans les lacs :

Revenons maintenant à la droite de l’armée française où avait commencé l’attaque.

Après l’occupation de Telnitz et de Sokolnitz, les première, deuxième et troisième colonnes de l’armée russe avaient poursuivi leur marche sans chercher à s’assurer des mouvements qui pouvaient s’opérer à leur droite .

Elles offraient une masse de près de 30 000 hommes, et n’avaient réellement devant elles qu’une brigade de la division Legrand et la division Friant du corps du maréchal Davout.

La première colonne s’était avancée par le défilé de Telnitz, et les deuxièmes et troisièmes colonnes s’étant croisées dans Sokolnitz, il en était résulté un emcombrement fâcheux .

Le général Legrand avait profité de cette circonstance pour faire tourner le village . C’était au moment où le maréchal Soult était déjà maître des hauteurs de Pratzen . D’un autre coté, le général Friant attaquait ce même village de Sokolnitz avec sa première brigade commandée par le général Heudelet .

Les voltigeurs et le 108eme, qui faisaient partie de cette brigade, se précipitèrent au pas de charge dans ce village en renversant tout ce qui se trouvait devant eux . La résistance fut longue et opiniâtre, plusieurs pièces de canon russes furent pris et reprises . Le général Heudelet commençait à s’établir, chassant les russes devant lui, lorsqu’un feu très vif parti des régiments de la division Legrand, qui prit la troupe française pour un des corps ennemis, força celle-ci à se jeter dans un petit bois à la gauche du village .

L’ennemi profita de cette erreur, et rentra dans Sokolnitz . Mais pendant ce temps, le général Friant avait fait avancer la seconde brigade, commandé par le général Hochet .

Cette brigade arriva au pas de charge . Le 48eme régiment, qui marchait en tête, culbuta à la baïonnette tout ce qui voulut s’opposer à son passage et parvint à se rendre maître de la partie droite du village .

Il prit deux pièces de canon, deux drapeaux et plusieurs caissons . Le 111eme, voyant, par suite des progrès du 48eme, l’ennemi déborder la gauche du village, envoya contre lui de nombreux tirailleurs, et s’avança de ce coté .

Les russes furent repoussés et culbutés sur un autre corps qui s’avançait en ce moment pour couper la 2eme brigade du général Friant de la 3eme commandée par le général Kister . Celle-ci arrivait sur le terrain, où elle se déploya ensuite .

Le général Friant, qui marchait avec elle, ordonna aux 15eme léger et 33eme de ligne qui la composait de charger l’ennemi; l’attaque fut des plus vigoureuses; le corps russe fut poussé sur Sokolnitz, où le 15eme léger entra pêle-mêle avec lui . Cette lutte de 5 à 6000 français contre des forces quadruples, durait depuis trois heures avec des chances variées, lorsque le général Friant fit marcher simultanèment ses trois brigades à la baïonnette contre le village et les hauteurs qui le couronnent .

Les russes ne purent tenir contre cette nouvelle attaque; ils furent mis dans la déroute la plus complète; le village, les hauteurs, tout leur fut enlevé en peu d’instants .

Les deux colonnes, dispersées, se retirèrent en partie et dans le plus grand désordre vers un vaste étang alors glacé et couvert de neige, situé entre Kobelnitz et Sokolnitz, et cherchèrent à le passer sur la glace .

Pendant ce temps, le château de Sokolnitz, à un quart de lieue du village du même nom, était attaqué par la brigade du général Thiébault et enlevé après une vive résistance .

L’ennemi fut poussé jusqu’à l’étang de Sokolnitz, où étaient déjà les troupes culbutées par la division Friant . Quelques bataillons réussirent à passer, mais la glace céda sous le poid des autres, et un grand nombre s’y noyèrent . On dit que les boulets des batteries françaises contribuèrent beaucoup à cet effroyable désastre des russes .

Le général Buxhowden, commandant de la gauche russe, et qui se trouvait avec la première colonne, avait placé quelques bataillons et escadrons de cette colonne sur la hauteur en deçà de Telnitz, afin d’observer et contenir les corps français qui pourraient s’avancer de ce coté, et pour assurer la marche de la colonne sur Aujezd, par où elle était venue.

Le maréchal Soult s’était porté des hauteurs de Pratzen, vers le château de Sokolnitz et la chapelle au-dessus du village d’Aujezd . Après la défaite du centre et de la gauche russe, et à la suite des divisions Saint-Hilaire et Vandamme et de la brigade Levasseur, Napoléon avait fait avancer les vingt bataillons de grenadiers de sa réserve; lui-même, avec l’artillerie légère de la Garde, marchait vers la chapelle Saint-Antoine ( celle dont nous venons de parler ) .

La division Vandamme, descendant de la hauteur de la chapelle au moment où la colonne ennemie commençait à traverser Aujezd, se précipita dans ce village et s’en empara après une vive fusillade Le général Buxhowden se trouva, avec deux bataillons, séparé du reste de la colonne, et réussit à joindre les troupes de l’armée coalisée déjà retirée près d’Austerlitz; mais il laissa 4000 prisonniers au pouvoir des français .

Un général d’artillerie, chef d’un parc de cinquante pièces, marchant sous la garde de quatre bataillons, voulut, ,pour éviter d’être pris par les français, suivre à travers le lac d’Aujezd une ancienne digue submergée, servant autrefois de communications entre le village d’Aujezd et celui de Satschau .

Mais la glace ne fut pas assez forte pour supporter un tel poids : elle se rompit; hommes, chevaux, canons, caissons, tout fut englouti.

Le centre et la queue de la première colonne ennemie, à laquelle s’étaient repliés dans la plaine entre Telnitz et le lac d’Aujezd . Le général Doctorow réunit et reforma ces corps en une colonne .

Mais la retraite de cette colonne ne pouvait s’opérer que sur une digue très étroite; entre les deux lacs d’Aujezd et de Monitz, qui ne donnait passage qu’à deux ou trois hommes de front .

Les français, en passant Aujezd et Satschau et en faisant le tour du lac, pouvaient couper cette digue et enlever ainsi tout moyen de salut aux russes . Le général Kienmayer vit ce danger, il se porta en avant avec un régiment de hussards et se plaça sur les hauteurs, entre Satschau et Ottnitz, pour observer ce point .

L’infanterie russe, sous la protection de la cavalerie, se porta sur une hauteur dont la droite touche au lac de Monitz, et le général Doctorow fit occuper Telnitz par un régiment, afin de donner à sa colonne le temps de filer . Mais à peine cette dernière troupe s’établissait-elle dans le village, qu’elle y fut vivement attaquée .

La division Vandamme, après son succès d’Aujezd, s’était avancés pour achever d’anéantir la colonne dont le général Doctorow s’efforçait de sauver ainsi les débris . Cette division était accompagnée de la division de dragons du général Bourcier, alors commandée par le général de brigade Margaron .

Elle emporta le village de Telnitz . La cavalerie ennemie, foudroyée par la mitraille de l’artillerie légère de la Garde, se jeta sur la hauteur où se trouvait la colonne d’infanterie qui filait sur la digue entre les deux lacs, et la mit en désordre .

La cavalerie parvint, grâce à une batterie d’artillerie légère russe avantageusement placée, à garder sa position assez de temps pour que le passage s’effectuât; mais beaucoup d’hommes se noyèrent dans les deux lacs .

Doctorow s’arrêta sur les hauteurs de Neudorf, où il s’efforça de rétablir l’ordre dans ses bataillons, formant encore une masse de 8000 hommes; la nuit qui commençait à venir lui permit d’échapper à la poursuite des français . Sa retraite se continua par Boschowitz, et l’armée vaincue se retira derrière Austerlitz, dans la position de Hodiegitz.

_ Résultat de la victoire . Fuite des russes vers la Pologne :

La victoire française d’Austerlitz eu d’immenses résultats : les russes perdirent 45 000 hommes tués, blessés ou prisonniers; vingt généraux, plusieurs aides de camp de l’Empereur de Russie, et un grand nombre d’officiers de distinction, restèrent sur le champ de bataille .

On prit deux cents canons, quatre cents voitures d’artillerie, tous les équipages et quarante-cinq drapeaux, parmi lesquels figuraient les étendards de la Garde Impériale d’Alexandre de Russie .

La fuite des russes vers la Pologne fut si précipitée, qu’ils laissèrent derrière eux les routes couvertes de canons, de caissons, de chariots et de bagages .

Dans la plupart des bourgs et villages où entrèrent les français détachés à la poursuite des débrits de l’armée ennemie, on trouva des granges et les églises remplies de blessés abandonnés sans aucuns secours .

Le général Kutusow s’était contenté de faire placer sur les portes des écriteaux portant en langue française : " Je recommande ces malheureux à la générosité de l’Empereur Napoléon et à l’humanité de ses braves soldats " .

Le soir même de l’action, et pendant plusieurs heures de la nuit, Napoléon parcourut le vaste champ de bataille d’Austerlitz, faisant compter les morts et enlever les blessés .

Rien n’était plus touchant que d’entendre exprimer leur reconnaissance pour l’intérêt que l’Empereur leur témoignait, et s’informer du résultat de la journée . " La victoire est sans doute à nous, s’écriait l’un : l’Empereur avait pris de trop bonne dispositions pour qu’elle nous échappât .

Un autre disait : " Il y a huit heures que je suis abandonné et que j’endure des souffrances inouïes; mais j’ai pris patience en pensant que j’avais fait mon devoir, et que mes camarades ont fait le leur . " Ceux-ci, s’adressant directement à l’Empereur : " Et bien, sire, vous devez être content de vos soldats . "

Napoléon dit aux officiers qui l’entouraient : " J’ai livré vingt batailles aussi chaudes que celle-ci, mais je n’en ai vu aucune où la victoire ait été aussi promptement décidée, et les destins si peu balancés . "

Dans le courent de la journée, la Garde Impériale à pied et les grenadiers d’Oudinot témoignaient leur impatience de n’être pas engagés avec l’ennemi, et demandaient qu’on les fit donner . "

Réjouissez-vous de ne rein faire, répondit l’Empereur, je vous garde en réserve; tant mieux si l’on a pas besoin de vous aujourd’hui . "

Les ennemis étaient stupéfaits de la précision que toutes les troupes françaises avaient mise dans leur mouvements, et se plaignaient amèrement de l’impéritie de leurs propres généraux . Un commandant d’artillerie de la Garde russe, fait prisonnier, dit, en passant devant Napoléon : " Sire, faites-moi fusiller; je viens de perdre mes pièces . "

" Jeune homme, lui dit-il, répondit l’Empereur, j’apprécie vos regrets; mais on peut être battu par mon armée, et avoir encore des titres à la gloire ."

_ Belle conduite et mort du général Vallubert :

Vallubert fut le seul officier général dont l’armée eut à regretter la perte . Tous ceux qui avaient été blessés guérirent de leurs blessures . Lorsque ce brave général eut la cuisse emportée, les soldats de sa brigade s’empressèrent autour de lui pour le relever et le transporter au poste des chirurgiens " Souvenez-vous de l’ordre du jour, leur dit-il, et reprenez vos rangs; et si vous êtes vainqueurs, vous m’enlèverez du champ de bataille; si vous êtes vaincus, que m’importe un reste de vie ? " Et bientôt après il ajouta : " Que n’ai-je perdu plutôt le bras, je pourrais combattre encore avec vous et mourir à mon poste ! " Vallubert ne survécut que vingt-quatre heures à sa blessure, et, quelques instants avant de rendre le dernier soupir, il écrivit cette lettre touchante à Napoléon :

" J’aurais voulu faire plus pour vous; je vais mourir, et je ne regrette pas la vie, puisque j’ai participé à une victoire qui vous assure un règne heureux . Quand vous penserez aux braves qui vous étaient dévoués, souvenez-vous de moi . Il me suffit de vous dire que j’ai une famille, je n’ai pas besoin de vous la recommander."

_ Satisfaction de l’Empereur . Proclamation à l’armée :

La générosité de l’Empereur envers les troupes qui avaient combattu à Austerlitz fut grande comme la victoire .

Il adopta tous les enfants de ceux qui étaient morts dans cette bataille, se chargea de leur éducation et de leur établissement, et leur permit de joindre à leur nom celui de Napoléon . Il accorda 6000 francs de pension aux veuves des généraux .

2400 francs à celles des colonels et majors, 1200 à celles des capitaines, 800 francs à celles des lieutenants et sous-lieutenants, et enfin 200 francs à celle des soldats . Quant aux braves qui survécurent à la victoire, il leur témoigna sa satisfaction dans cette proclamation, devenue pour eux le plus beau titre de gloire :

" Soldats ! Je suis content de vous; vous avez, à la journée d’Austerlitz, justifié tout ce que j’attendais de votre intrépidité; vous avez décoré vos aigles d’une immortelle gloire : une armée de 100 000 hommes, commandée par les empereurs de Russie et d’Autriche, a été, en moins de quatre heures, ou coupée ou dispersée; ce qui a échappé à votre feu s’est noyé dans les deux lacs .....

" Soldats ! Lorsque le peuple français plaça sur ma tête la couronne impériale, je me confiai à vous pour la maintenir toujours dans ce haut éclat de gloire qui seul pouvait lui donner du prix à mes yeux; mais, dans le même moment, nos ennemis pensaient à la détruire et à l’avillir, et cette couronne de fer, conquise par le sang de tant de français, ils voulaient m’obliger à la placer sur la tête de nos plus cruels ennemis : projets téméraires et insensés que, le jour même de l’anniversaire de votre Empereur, vous avez anéantis et confondux . Vous leur avez appris qu’il est plus facile de nous braver et de nous menacer que de nous vaincre ."

" Soldats ! Lorsque tout ce qui est nécessaire pour assurer le bohneur et la prospérité de notre patrie sera accomplie, je vous ramènerai en France . Là vous serez l’objet de mes tendres sollicitudes . Mon peuple vous reverra avec joie et il vous suffira de dire : j’étais à Austerlitz, pour qu’on vous répondre : " Voilà un brave !".

_ Entrevue de l’Empereur François et de Napoléon :

Les deux Empereurs François et Alexandre, des hauteurs d’Austerlitz, avaient vu la défaite de toute la Garde russe et la destruction de leur armée.

Deux jours après la bataille, l’Empereur d’Autriche vint saluer le vainqueur à son bivouac .

Napoléon lui dit en l’accueillant : " Je vous reçoit dans le seul palais que j’habite depuis deux mois " Vous tirez si bien parti de cette habitation, répondit François, qu’elle doit vous plaire . "

Dans cette entrevue, les deux Empereurs convinrent d’une armistice et d’un armistice et des principales conditions de la paix future .

François fit aussi connaître à Napoléon qu’Alexandre désirait faire la paix, et demanda une trêve pour les restes de l’armée russe .

Napoléon lui fit observer qu’ils étaient cernés, que pas un homme ne pouvait échapper; " mais, ajouta-t-il, je désire faire une chose agréable à l’Empereur Alexandre; je laisserai passer l’armée russe, j’arrêterai la marche de mes colonnes, si votre majesté me promet que cette armée évacuera l’Allemagne et la Pologne autrichienne et prussienne ."

" C’est l’intention de l’Empereur Alexandre, répondit l’Empereur d’Autriche, je puis vous l’assurer, d’ailleurs, dans la nuit vous pourrez vous en convaincre par vos propres officiers . "

_ Capitulation pour la retraite de l’armée russe :

Après l’entrevue, le général Savary accompagna l’Empereur d’Autriche à son quartier général afin de savoir si Alexandre adhérait à la capitulation . Savary trouva les russes sans artillerie ni bagage, et dans un épouvantable désordre . Il était minuit . Le général Meerfeld avait été repoussé de Godding par le maréchal Davout; l’armée russe, environnée de tous cotés, était en quelque sorte prisonnière .

Le prince Czartorinski introduisit le général français auprès de l’Empereur Alexandre . " Dites à votre maître, lui cria celui-ci, en le voyant, que je m’en vais; qu’il a fait hier des miracles; que cette journée à créer mon admiration pour lui; qu’il est prédestiné du ciel, qu’il faut à mon armée cent ans pour égaler la sienne . Mais puis-je me retirer avec sureté ? "

" Oui, sire, répondit l’aide de camp de Napoléon, si votre majesté ratifie ce que les Empereurs de France et d’Allemagne ont arrêté dans leur entrevue . "

" Eh! Qu’est-ce ? "

" Que l’armée russe se retirera par journée d’étape, et évacuera l’Allemagne et la Pologne autrichienne et prussienne; à cette condition, je suis chargé de me rendre à vos avants-postes qui vous ont déjà tourné, et d’y donner des ordres pour protéger votre retraite, l’Empereur voulant respecter l’ami du premier consul . "

" Quelle garantie faut-il pour cela ? "

" Sire, votre parole . "

" Je vous la donne . "

Le général Savary s’éloigna sur-le-champ au grand galop pour transmettre au maréchal Davout l’ordre de laisser l’armée russe continuer tranquillement sa retraite .

Napoléon, en se montrant trop généreux dans cette circonstance, commit une faute grave; il pouvait prendre et détruire les restes de l’armée russe . Il le savait bien, car il lui échappa, après son entrevue avec l’Empereur d’Allemagne, de dire : " Cet homme me fait faire une grande faute . "

Mais pour se justifier à ses propres yeux, il ajouta : " Il y a déjà assez de larmes et de sang répandu, n’en faisons pas couler d’avantage . "

Notre excuse, trop belle pour ne pas être respectée de tout ami de l’humanité ! Une convention fut signée, le 6 décembre, par laquelle on réglait la ligne des deux armées françaises et autrichiennes en Moravie; l’armée russe devait évacuer les Etats d’Autriche, ainsi que la Pologne autrichienne . Dès le lendemain, cette dernière clause reçut son exécution .